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Critique de SZRAMOWO


Le roman de Luc Chomarat présente deux qualités et un défaut qui n'empêche pas d'en faire un livre très plaisant à lire, sur un sujet d'actualité traité avec précision.
Première qualité de ce roman, son sujet.
Deuxième qualité de ce roman, l'analyse très juste de l'évolution de la nature du travail depuis la généralisation des technologies nouvelles.
Défaut du roman, la deuxième partie met en avant les problèmes relationnels entre le héros, Thomas et sa femme Liane et nous éloigne du sujet principal. La chute n'est pas à la hauteur du reste du roman.
Au-delà de ces trois constats, l'ensemble est réussi. le récit est fin, subtil, bourré de références, drôle.
Le sujet :
Thomas, un créatif dans le secteur de la publicité, travaille chez Mondwest, un géant de la communication qui a absorbé plusieurs entreprises, et se trouve de plus en plus décalé par rapport aux normes qui s'imposent peu à peu aux salariés du groupe et au-delà par la généralisation des relations virtuelles entre les individus.
Dans ce contexte, un phénomène paradoxal, crée un buzz à l'échelle planétaire, il existerait un individu non googlelisable sur la planète. le paradoxe étant que la recherche de cet Inconnu (comme la toile l'a surnommé) sur Google génère des millions de résultats dont la progression est exponentielle.
Qui est cet Inconnu ? Présente—t-il un danger pour le système ? La communauté des Off – les partisans d'une vie sans connections – tire-t-elle son succès de l'existence de cet inconnu ?
Thomas, par un concours de circonstances que je ne dévoilerai pas, va être amené à enquêter sur l'inconnu pour le compte du Ministère des Nouveaux Médias. « Les M'nM's comme ils nous appellent affectueusement dans les couloirs. » lui dit Buzzati qui le recrute.
L'analyse très juste de l'évolution de la nature du travail
« Les postes à responsabilité n'avaient pas changé les habitudes vestimentaires de Thomas (…) sweater informe, jeans informes, Timberland flinguées. Thomas avait passé la quarantaine, mais il ressemblait toujours à un adolescent mal dégrossi »
« Thomas devait maintenant rendre des comptes (…) à son nouveau boss van Halen. Et pire que tout, il devait remplir ses timesheets (…) Il devait justifier heure par heure de son temps (…) le travail en lui-même n'étant plus une justification suffisante. »
Thomas, lui, a connu « (…) la petite histoire crayonnée un matin sur un coin de table en mangeant un croissant. Et la petite histoire allait devenir un objet filmique de trente secondes, d'un coût de production dépassant le million d'euros. »
Ce genre de créatif n'est plus vraiment au goût du jour. Pas sérieux. Pas assez « corporate », trop éloigné des normes de l'entreprise.
Thomas, n'est pas dans le « c'était mieux avant », il constate simplement que la nature même du travail a changée et qu'elle ne l'intéresse plus. Un constat que tout un chacun peut faire dans son entreprise lorsqu'il constate que l'objectif final du travail est moins la satisfaction du client final que la façon dont on va le convaincre qu'il n'y a qu'un seul moyen de le satisfaire.
La fin du roman :
Le lecteur s'attend à découvrir que Thomas est l'inconnu, mais ce n'est pas la chute que Luc Romachat à choisie. Déception.
Déception aussi, le détail des déboires sentimentaux de Thomas peut parfois décourager de continuer la lecture.
Au final, un roman qui mérite le détour.

Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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