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Critique de Nastie92


"Il y a eu la vie ici
Il faudra le raconter à ceux qui reviendront
Les enfants enlaçaient les arbres
Et les femmes de grands paniers de fruits
On marchait sur les routes
On avait à faire
Au soir
Les liqueurs gonflaient les sangs
Et les colères insignifiantes
On moquait les torses bombés
Et l'oreille rouge des amoureux
On trouvait du bonheur au coin des cabanes
Il y a eu la vie ici
Il faudra le raconter
Et s'en souvenir nous autres en allés"

Oui, il y avait de la vie à Tchernobyl. Avant...

Après, la mort ou la maladie. Un mal inhumain qui vous ronge inéluctablement.
Les survivants ont été déplacés, de gré ou de force : une zone immense est devenue inhabitable pour des années, ou plutôt, pour des milliers d'années.

Gouri qui habitait près de la centrale, veut revenir dans la zone interdite, non par bravade ou inconscience, mais pour récupérer un souvenir dans sa maison. Un souvenir précieux.
Sa quête l'amène à retrouver au passage des amis d'autrefois avec lesquels, autour d'un verre de vodka, il fait revivre le monde perdu.
Les souvenirs de la vie d'avant s'entremêlent à l'horreur du présent. Presque tout a été détruit, le peu qui reste est fortement contaminé, seule demeure un peu de chaleur humaine chez les survivants.

À travers ce court roman, l'auteur arrive à faire comprendre au lecteur toutes les conséquences de la tragédie.
Le contraste entre la douceur des mots et la noirceur de la réalité est très réussi, et c'est ce qui fait, à mon avis, l'intérêt du livre.
Certaines scènes sont saisissantes, comme celle dans laquelle un homme raconte la destruction de sa maison, à laquelle il a assisté. Aux abords de la centrale, les taux de radiation étaient tels, qu'il a fallu tout enterrer. Démolir et enterrer. Tant pis pour tous les objets, tant pis pour tous les souvenirs, tout a été ramassé par des pelleteuses et enfoui. "Comme une merde de chien."

Petit texte, grande émotion.
Antoine Choplin a su mettre un peu de poésie dans la tragédie et allumer quelques petites flammes d'humanité dans l'inhumain.
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