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Critique de visages


Ce roman est une autobiographie singulière par le fait que son auteur n'ait appris à lire qu'à 21 ans, l'âge auquel on le quitte à la fin de son récit. le livre a été interdit au Maroc et pour cause, il dénonce de façon crue et sans aucun artifice l'injustice sociale, la violence de cette société, l'existence d'une prostitution courante mais cachée, et de plus il s'attaque à l'image sacrée du père et de la famille. L'histoire commence alors qu'il n'a que 6 ans, il vit dans le Rif qui subit alors une famine destructrice, nous sommes dans les années 40. le pain nu est le récit d'une enfance misérable, misère sociale, affective, educative et bien sûr matérielle. Une mère impuissante face à la violence de son mari, un père haineux, barbare et pervers qui ancrera chez son fils une colère envahissante qui l'habite comme une possession. La sexualité semble être le seul échappatoire ponctuel et récurrent à ce démon intérieur.Sa libido est presque compulsive. Et pourtant elle n'est pas dénuée également de poésie, le regard que M.Choukri porte sur les femmes est proche de la fascination et il y a de très belles images. S'il ne parle jamais d'amour on sent pourtant que ces rapports charnels sont bien plus que cela mais qu'il n'est pas permis d'en prendre conscience ou de s'avouer une quelconque faiblesse. Sa vie est jalonnée de violence, d'érrance, de faim, de peur. On termine la lecture sur l'ouverture vers un autre possible puisqu'un ami lui remet une lettre afin qu'il puisse se présenter dans une école afin d'apprendre à lire.
La préface de Tahar BenJelloun est très belle et introduit ce texte dans un profond respect de l'auteur.
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