Où sont nos mains quand plus rien ne se prend
où sont nos voix quand plus rien ne se dit
où bat le coeur quand plus rien ne se perd
est-ce dans l'île au loin si vive
vers quoi la barque du sommeil nous porte
MARCHES
dans l’un de mes poings je cacherai l’oubli
tu choisiras toujours l’autre
les chemins nous reconnaîtront
quand le silence aura le goût du pain
l’herbe saura la vie par cœur
le soir nous tiendra lieu d’enfant
je dessinerai sur ta peau
la forme des constellations
dans les villes privées de ciel
il faudra fuir loin de la mer
brûler vêtements et noms
pour chanter le psaume inédit des vagues
Évidences insaisissables…
évidences insaisissables
la pluie même n’y aura pas suffi
ni les corps à l’embouchure de la nuit qui se frôlent
trois notes que tu chantes c’est la mélodie toute
trois branches qui se croisent déjà c’est le brasier
frêle et sûr un jour danse deux vies mêlées
...
VITE
pour dilapider le matin
attendons que la nuit nous rejoigne
ses doigts sont si prompts et si jeunes
tout s’en ira plus vivement
la pudeur de l’aube tremblante
les mots inconnus à nouveau
l’instant où d’un peu d’eau douce
nous nous ôtons le sel des rêves
l’apprentissage du départ
vers les lointains hésitants
verse encore le vin de ton rire
il est plus fort quand l’ombre danse ainsi
Regard perdu des falaises…
regard perdu des falaises
quand pourrons-nous d’un souffle entier
plonger jusqu’à ton spasme blanc
l’été liturgiquement nu
sculptera ses lourds nuages
l’herbe enfin nous voudra pour disciples
…
FÊTE
il est tard la fumée des feux d’herbe
sait mieux que nous le tourbillon des gestes
ce vin nous grise que le vent verse
je dessine avec de feints mystères
l’horoscope des pierres qui sont là
elles se font planètes nous tournons
au son soudain de ses aigres guitares
la pluie si nue que j’ai peine à la voir
saura-t-elle reconduire les lieux
VOYAGE
toutes les cartes désormais illisibles
nous explorons l’inachevé
allumant le soir des feux brefs
lavant les noms dans les fontaines
déshabillant les odeurs savamment
nous enterrons nos larmes sous des cairns
sur un clair sentier de traverse
l’oubli rieur nous laisse enfin
sa bénédiction d’herbe
la péninsule de nos voix se perd
lentement nos gestes s’envolent
vers les yeux grands ouverts du large
joueuse préface du vent…
joueuse préface du vent
la nuit nous chercherons dans nos mains et nos voix vides
ce royaume à grands cris aperçu
des vies fleurissent le temps d’un geste
le temps d’un regard des murs tombent
l’arôme inachevé des vagues enivre nos pas lents
…