Asha n’avait plus peur du feu depuis que le Premier Dragon en personne avait laissé une hideuse cicatrice sur toute la moitié droite de son corps. Elle portait dorénavant une armure complète, patchwork des peaux de tous les dragons qu’elle avait tués, ainsi que son casque préféré en forme de tête de dragon, avec ses cornes noires. Le cuir tanné, moulant comme une seconde peau, la protégeait parfaitement du feu.
- Greta disait, fit-il sans s'interrompre, que nous sommes tous nés avec une chanson dans le coeur. Une chanson rien qu'à nous. Et que notre mission dans la vie est de trouver cette chanson.
La Mort est une voleuse, déclara-t-elle en pensant à une histoire des temps anciens. (...) Peut-être pour vous, dit-il (...). Pour certains, la Mort est une libération.
C'était assez simple : les histoires des temps anciens attiraient les dragons. Et les dragons apportaient le chaos, la trahison, le feu. Oui, le feu, surtout. Et les brûlures. Asha le savait mieux que quiconque. Son visage en portait la preuve.
Quand il dormait, il avait l'air d'une fleur de lune dont les pétales ne se déploient qu'à la nuit tombée, une fleur superbe et rare à la lueur des étoiles. Asha tendit la main et augmenta la luminosité de la lanterne afin de mieux voir l'ombre papillonnante de ses cils. Elle suivit des yeux sa silhouette ferme et osseuse. Ses cheveux lui rappelaient la mer de Darmoor : agitée, remuante, pleine de vagues.
Si Dax avait une faiblesse, c'était bien cela. Pire que les bagarres à répétition, ses flirts incessants ou son addiction au jeu. Dax ne pensait pas en roi. Il pensait en... héros. Il était trop gentil. Trop bon. Trop sensible. C'était ce qui le perdrait.
Asha avait l'impression qu'il lui lacérait le coeur. Comme un tapis ou une tapisserie, dont ses mots, telles des griffes, arrachaient tous les fils.
Que la mort m'envoie ses pires épreuves ! Le froid glacial pour geler l'amour dans mon cœur. Le feu pour réduire mes souvenirs en cendres. Le vent pour me forcer à franchir sa porte. Et le temps pour mettre à l'épreuve ma loyauté.
les légendes attiraient les dragons comme les pierres précieuses les hommes. Aucun dragon ne pouvait résister au plaisir d'entendre un conte...
Le dragon déformait la vérité. Tout comme Asha elle-même avait changé la fin de son histoire, ce dragon avait changé celle de la sienne.