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Critique de HundredDreams


Après deux premiers tomes complexes mais très prenants, j'étais impatiente de découvrir ce dernier tome. Même si les deux premiers m'ont beaucoup plu, j'appréhendais tout de même cette dernière partie en raison du nombre de pages et de sa complexité scientifique.
Je suis donc heureuse de ne pas avoir été seule pour le lire et je remercie mes compagnons de voyage, Sonia (Indimoon), Paul (El_Camaleon_Barbudo) et Judith (Brooklyn_by_the_sea) sans qui je n'aurais pas abordé ce livre avec autant de confiance.

Souvent, je trouve les dénouements assez décevants.
J'avais donc aussi quelques appréhensions quant à la fin imaginée par Cixin Liu. Mais, au regard du talent de l'auteur, je n'aurais dû avoir aucune inquiétude. « La mort immortelle » clôt de façon admirable et magnifique cette trilogie qui a même obtenu en 2017, le prix Locus du meilleur roman de science-fiction.

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Pour ceux qui ne connaissent pas encore Cixin Liu, cet auteur très populaire en Chine écrit des récits de science-fiction mélangeant des théories scientifiques particulièrement abouties et innovantes, des questions philosophiques sur le sens de l'existence propre aux réalités de nos sociétés, et une analyse très approfondie de la nature humaine.

« Lorsque l'humanité se retrouve abandonnée dans l'espace, il suffit de cinq minutes pour qu'elle devienne totalitaire. »

Sans entrer dans les détails pour ne pas divulgâcher, la trilogie des Trois Corps relate l'invasion future de la Terre par une civilisation extraterrestre conquérante, les Trisolariens. Ils sont une réelle menace pour les hommes, de part leur attitude belliqueuse et leur technologie bien plus avancée que la notre.
Les hommes vont devoir s'organiser pour faire face à la menace trisolarienne.
Cette lutte pour conquérir la Terre pour les uns, la préserver pour les autres, nous réservent des surprises inimaginables et de nombreux rebondissements tout au long des trois tomes, avec, en prime, des concepts captivants sur l'univers, le développement spatial et l'espace lointain.

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Vous pourriez penser que le scénario est assez classique et manque d'originalité.
Au contraire, l'imagination de cet auteur est sans limite. J'ai rarement lu un roman aussi fourmillant d'idées ingénieuses et incroyables, aussi riche de réflexions sur les sciences, la technologie, sur l'humanité, la société, la géopolitique.

« L'espace était une lentille grossissante qui pouvait en un instant amplifier à son maximum la face obscure de l'humanité. »

Cixin Liu arrive avec une facilité déconcertante à concevoir le monde de demain et à nous le faire vivre. C'est une lecture vraiment extraordinaire, très visuelle. C'est comme si l'auteur nous équipait d'un casque en réalité virtuelle pour nous faire voyager dans le temps et l'espace : ainsi, dans ce troisième tome, on remonte cinq cents ans dans l'histoire humaine pour se rendre au coeur de la civilisation byzantine ; le récit s'achève dans un futur très éloigné, inimaginable à notre échelle.

Cixin Liu place l'humain au centre de l'histoire. Il analyse leurs réactions en réponse à la menace croissante. Les Trisolariens sont présents, mais en périphérie, comme des ombres au-dessus de nos têtes.
Mais, si l'auteur s'intéresse aux comportements et aux décisions des hommes, il néglige encore trop souvent de nous faire partager leurs émotions. C'est dommage, mais cela ne m'a pas vraiment dérangé car le récit est tourné vers l'action plutôt que vers l'introspection.

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Le scénario de ce Space Opera est excessivement bien pensé et conçu. Autant les deux premiers tomes étaient très différents l'un de l'autre par leur structure narrative, autant ce dernier surprend par sa maîtrise, les soudant tous les deux pour aboutir à un ensemble cohérent et une fin inattendue.
En effet, l'auteur a le don de surprendre ses lecteurs en prenant des chemins auxquels on ne s'attend pas. Chaque piste exposée connaît des rebondissements et une conclusion dévoilant un tableau d'ensemble purement stupéfiant.

« Cette nuit où j'ai eu fini de construire mon phare, quand je l'ai regardé au loin briller sur la mer, tout est soudain devenu clair : la mort est le seul phare qui reste à jamais allumé. Peu importe où tu navigues, tu finis toujours par te rendre dans la direction qu'il t'indique. Tout a une fin. Seule la Mort est immortelle. »

L'auteur va même jusqu'à insérer dans son scénario des contes simples mais prenants, qui sont comme une parenthèse apportant une pause dans ce récit très scientifique. Mais, malgré leur apparence anodine et inoffensive, il n'en demeure pas moins qu'ils sont essentiels à la suite de l'intrigue car ils dissimulent des informations vitales pour la survie de l'espèce humaine.

Cette critique ne serait pas complète si je n'abordais pas également les chroniques « hors du temps » qui entrecoupent régulièrement le récit. On ne connaitra l'auteur de ces textes qu'à la toute fin. Si elles sortent du cadre de l'intrigue, elles sont comme les mémoires d'un temps passé et enrichissent l'intrigue de nombreux détails passionnants.

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Cixin Liu a créé un monde complexe où les lois de la physique sont explorées avec beaucoup de poésie.
Les théories scientifiques sont peu présentes dans la première moitié du récit, ce qui permet de rentrer facilement dans la suite de l'intrigue.
Mais l'auteur prend soin par la suite, de vulgariser au maximum les concepts techniques et scientifiques pour les rendre accessibles à tous.

« Chaque cour figurait des paysages naturels différents : une prairie vert émeraude traversée par un ruisseau, un petit bois bordé par une source chantante, une plage de sable où venaient se jeter les vagues d'une eau pure… Ces paysages minuscules n'en étaient pas moins exquis : c'était comme un collier fait avec les plus belles perles de la Terre. Bénéficier de telles scènes à bord d'un vaisseau interstellaire suffisait à montrer le degré de luxe du Halo. »

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Pour conclure, j'ai rarement lu un auteur avec une intrigue aussi bien menée sur autant de pages. Je suis réellement admirative de la masse de connaissances que l'auteur a réussi à transmettre à ses lecteurs en les tenant en haleine sur autant de pages.
Une trilogie impressionnante et originale, à découvrir.

« Je n'ai pas grand-chose à ajouter, si ce n'est un avertissement : le moment où la vie a quitté les océans pour rejoindre la terre a marqué un jalon dans l'histoire de l'évolution, mais les poissons sortis de l'eau ont alors cessé d'être des poissons ; de la même manière, les hommes qui entrent dans l'espace cessent d'être des hommes. Je vous le dis, prenez garde lorsque vous voudrez vous envoler sans retour dans l'espace. le prix à payer est bien plus grand que tout ce que pouvez imaginer. »
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