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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Recourir à la fiction pour exorciser sa propre histoire : Agnès de Clairville l'annonce d'emblée. Puisque les lois sont ainsi faites que la reconnaissance tardive est impossible, que le viol est prescriptible, comme si le temps effaçait le forfait, et qu'il existait un délai au-delà duquel la victime cesserait de vivre les conséquences de l'agression.

Le roman met en scène une galerie de personnages qui gravite autour d'une jeune fille, douée, cadrée par les principes éducatifs d'une famille qui s'accroche à la tradition. Lorsqu'Arielle découvre une certaine forme de liberté dans une école d'ingénieur, elle y explore avec avidité les promesses d'une sensualité naissante.

Le roman s'ouvre sur un épisode de bizutage violent, bête, consacrant l'humiliation comme un but à atteindre. Mais l'épreuve ne semble pas déplaire à Arielle, prête à tout pour s'intégrer et bien montrer qu'elle n'est pas farouche. Et pourtant les expériences qui suivront révéleront les fragilités d'une adolescente, sa dépendance maladive, et la faille qui la relie à l'histoire familiale.

C'est toute la difficulté de la notion de consentement, dont dépend l'accusation de viol, qui transparaît dans ces lignes. Au point que cette conscience d'avoir été une victime peut ne pas être évidente au moment des faits et ne ressurgir que des années plus tard. Ce qui pose aussi le problème de la prescription qui protège les coupables.

Thème très actuel depuis quelques années, ici développé sans dénonciation ciblée, d'autant que le récit se veut être une fiction.

280 pages Harper Collins 24 Août 2022

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Manuel à l'usage des jeunes filles du XXIe siècle.
Au milieu des années 80, Arielle, 16 ans, intègre une école d'ingénieurs. Elle se plie de bonne grâce au bizutage, participe activement aux soirées alcoolisées, et n'a qu'une hâte : se débarrasser de sa virginité et trouver l'amour. Avec une majorité de garçons parmi les étudiants, elle parvient rapidement à ses fins. Oui, mais. Ca n'est pas comme elle l'imaginait. Ca fait mal. Tout fait mal : les corps, les regards, les mots. Pas facile d'être une fille de 16 ans.

J'ai bien aimé cette plongée dans l'adolescence sous un éclairage direct et cru, mais jamais obscène. Il n'y a pourtant rien de nouveau dans cette histoire, si ce n'est l'indulgence et le respect pour cette fille qui assume ses désirs (écrit dans les mêmes années 80, un tel récit aurait pu faire d'Arielle une nymphomane, ou plus simplement une "salope"), et la dénonciation de l'ignorance de leur propre sexualité dans laquelle on laissait alors les adolescentes. J'ai aimé aussi qu'Arielle soit issue d'un milieu catholique et bourgeois, et ne soit pas une caricature de prolotte aux moeurs dissolues ; ça aussi, ça change du genre. Par contre, les histoires de famille, et notamment celle de sa mère, m'ont moins intéressée.
Mais ce qui fait vraiment la puissance de ce livre, c'est le coup de massue final. J'ai terminé cette lecture avec une sensation glaciale en moi, j'avais hâte de refermer ce roman, en finir, ne plus le lire. Et en ce sens, je pense qu'il devrait figurer dans tous les CDI (SylvieDoc, si tu me lis...). Néanmoins, je n'ai pas été transportée par le style sec et détaché (même si le thème l'impose), ni convaincue par l'aspect choral du récit.

Ca reste toutefois une lecture marquante, façon "conte cruel de la jeunesse", que même une chanson aussi douce que le "Sweet Sixteen" de Billy Idol ne pourra faire oublier.
Allez, un petit grog pour me réchauffer de l'intérieur !
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Arielle, jeune fille précoce de 16 ans et demi, quitte le foyer familial pour rentrer en école d'ingénieurs agricole. Nous sommes à la fin des années 80, quelque part dans une ville moyenne et sans charme. le bizutage, les fêtes et l'alcool battent leur plein dans la vie estudiantine d'alors.

Arielle se cherche, elle a envie d'amour romantique, d'amour physique, sans ne rien en connaître. Quand elle croise le solaire Eric de 6 ans son aînée, elle tombe sous son charme. Commence alors une relation asymétrique entre la jeune-fille et l'homme. Arielle, entre ses mains, devient la poupée qui fait oui. Elle l'attend, se laisse faire et souffre en silence lors des rapports sexuels qu'Eric lui impose.

C'est le récit glaçant d'une relation d'emprise qui laisse la jeune fille dans un état de sidération. Où finit le consentement ? Où commence le viol ?

Ce roman choral, alternant les points de vue de la mère d'Arielle, de son ami et de la CPE, ne m'a pas vraiment convaincue. S'il aborde des thèmes essentiels et nécessaires comme la sexualité des jeunes, le consentement et la zone grise, j'ai trouvé les personnages peu crédibles et je n'ai pas réussi à m'y attacher.

Je suis allée jusqu'au bout de ma lecture, même si je me suis un peu ennuyée. Et j'ai bien fait car la dernière partie et la postface apportent un éclairage à l'ensemble du texte. J'aurais souhaité avoir cette postface en préface et je crois que j'aurais préféré la forme du récit, la partie romanesque n'étant pas la meilleure.

Ceci dit, ça reste un texte riche qui fait la part belle à la musique des années 90, qui se lit avec le casque sur les oreilles et la nostalgie au coeur !

Toute mon empathie va à l'auteure qui, je l'espère, a trouvé réconfort grâce à l'écriture de ce récit poignant et intime.
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Il lui aura fallu dix ans , dix ans de colère en épluchant la presse et toutes ces "affaires médiatisées", dix ans enfin pour décider que la seule réparation qui soit possible ne sera ni une plainte classée sans suite, ni les réseaux sociaux mais ce livre, véritable cri à la face du monde. Ecrire enfin, poser des mots sur l'innommable et enfin déchirer le voile qui l'étouffe depuis toutes ces années.
Un récit romancé plus autobiographique que roman. Un récit utile et nécessaire, un récit qui se lit vite et bien même si les images évoquées ne sont guère équivoques. Un récit à mettre entre toutes les mains dès lors que le prédateur rôde, un récit à faire lire à ceux qui ne connaissent pas le mot NON.
Je serai ravie de rencontrer Agnès de Clairville lors d'une séance de dédicace prochaine chez Babélio
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Il y a des livres qui sont comme une plaie béante, une blessure que l'auteur tente de refermer à l'aide des mots qu'il aligne sur la page blanche. La poupée qui fait oui fait partie de ces livres, en revenant sur l'histoire d'Arielle qui, en entrant dans les études supérieures, découvre le sexe, l'amour, les attentes des garçons, presque des hommes mais pas encore tout à fait. Dans les années 80, quand elle rejoint son école d'ingénieurs, le sexe est encore un tabou, on n'explique rien aux jeunes filles qui vont tôt ou tard y être confrontées, on ne leur parle pas de plaisir – non surtout pas. Alors elle apprend « à la dure », elle se laisse faire, elle se fait avoir, elle sombre. Une histoire comme il en existe mille.

Sur ce premier fil narratif se télescopent les pensées d'Inès, mère d'Arielle, très inquiète de voir sa fille se laisse manipuler par les garçons, elle qui a connu ça aussi, l'émoi des premiers amours interdits, des premiers ébats. Je n'ai pas réussi à me laisser attendrir par cette mère qui ressasse son histoire personnelle alors que sa fille rencontre d'autres problèmes, je n'ai pas réussi à comprendre comment elle avait pu la laisser livrée à elle-même sans lui donner des informations de base pour lui éviter de subir tout ça… C'est aussi révélateur d'un certain milieu social, qu'Agnès de Clairville dénonce ici, un milieu social où le maintien des apparences prend le pas sur tout le reste. Un milieu social qui a conduit Inès, fille-mère, à accoucher seule dans un couvent, bien cachée aux yeux de tous.

C'est une histoire finalement assez commune que nous décrit ici Agnès de Clairville, une histoire qui arrive à beaucoup de jeunes filles à cet âge-là, à ce moment-là. Les choses ont un peu évolué mais malheureusement pas encore tant que ça, et il est bon de toujours rappeler que la douleur, la contrainte, l'inconfort ne sont pas un passage obligé vers une vie sexuelle, bien au contraire. le bandeau promotionnel de ce livre titre « Ce livre, c'est celui que j'aurais aimé offrir à ma fille le jour de ses seize ans« , et je pense que ça serait bien aussi de l'offrir aux garçons qui atteignent cet âge.
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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J'ai aimé ce roman qu'on ne lâche plus une fois commencé, avec ces différents personnages qui interviennent à tour de rôle. Ambiance eighties avec ces titres qui ont accompagné mes jeunes années, comme pour envelopper de sa bande-son si typique cette histoire qui est tout sauf légère. L'écriture est sobre et un univers féminin, « Pancolien » par moments, se dévoile, pour mettre en scène cette jeune Arielle qui fait l'expérience de sa sexualité.
Ce roman soulève beaucoup de thématiques tabous, encore aujourd'hui, notamment sur la notion du consentement, et même si je ne souscris pas à tout ce qui est dénoncé ici malgré mon féminisme que j'espère modéré (les garçons étant à mon avis autant paumés que les filles à ce jeune âge), j'ai trouvé cette manière de l'aborder assez subtile.
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Cette histoire écrite à la manière d'un roman choral aborde un thème très fort : le consentement !

À travers l'histoire d'Arielle, 16 ans, qui vient de quitter son domicile et qui découvre le pensionnat, les bizutages, les fêtes, l'alcool, on apprend ce que peuvent être les envies ou les peurs de ces jeunes qui découvrent la vie loin de de chez eux et peuvent parfois aussi la mettre en danger.

Cette lecture est écrite de façon poignante avec des chapitres très courts qui donnent un côté addictif à la lecture.

Savoir dire Non c'est important mais est-ce si facile pour tout le monde ?
La citation dit "Qui ne dit rien, consent" et pourtant...ce n'est absolument pas le cas !
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La première phrase, c'est presque une rigolade.
On hésite à s'esclaffer. Quand même, on hésite.
"J'ai. J'ai. J'ai quelque chose de pointu qui me rentre dans le cul et m'empêche de marcher."

La soumission d'Arielle lors de ces premières pages vont donner le ton. Sa soumission et sa détermination à survivre malgré tout.
Un bizutage dans une école d'ingénieurs.
Elle a seize ans, comme les autres elle joue le jeu. Mieux, elle rit plus fort que les autres. Puis si ça sonne faux... ce ne sera que le début.

Lors d'une soirée, elle rencontre Éric, follement viril, follement volage. En tombe amoureuse. Peut-être. Elle le croit en tout cas, éblouie par l'aura, la popularité, la nonchalance du gars. Elle est mineure, il les aime "serrées".

On va monter crescendo dans la violence.
Physique.
Psychologique, c'est tout de suite.
On ne peut pas être préparé.

Arielle est manipulée, sous emprise, malade d'amour. Malade malade malade.
On a peur pour elle.
Tout au long du récit.
Jusqu'à l'ultime violence.
Puisqu'Arielle permettait tellement...

J'ai serré les dents.
J'ai revécu certains épisodes dégueulasses de ma vie. Malgré moi. J'ai eu envie de refermer le livre. Tant pis pour Arielle. Pour Agnes.
Tant pis pour moi.

Combien sommes-nous à avoir simulé pour ne pas blesser l'autre, pour que ça se termine plus vite. A avoir dit non, à n'avoir plus rien dit, céder quand même pour qu'on nous laisse tranquille. A avoir donné notre corps comme s'il ne tenait pas à notre cou. A notre coeur.
C'est déjà de la violence.
Un non est un NON !

Merci Agnès pour ce témoignage.
Ce roman.
Mon roman aussi.
Celui de toutes les femmes.
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Un roman de société sur un fait bien trop souvent entendu.
Le fait de dire Non et surtout que ce soit entendu et respecté.
Ici l'autrice dévoile sa douleur et son histoire portée en fond tout au long de ses années, il lui aura fallu le temps de devenir mère et d'entendre la parole se libérée et de comprendre qu'elle n'est pas seule dans cette terrible dérive.
Comment ne pas la rejoindre dans ces écrits, comment ne pas comprendre ce déni, ce refus, comment le fait d'être amoureuse met un masque sur l'impensable.
Et les lois qui se permettent de mettre des délais pour dénoncer alors que dans la tête et dans le ressenti des corps, il n'y a pas de délais, il faut juste du courage, de la compréhension et de l'acceptation pour arriver non seulement à oser en parler mais surtout arriver à dénoncer.
Sous une narration a plusieurs personnages, l'autrice tisse sa fiction.
Jeune fille au passé familial difficile, au amitiés confuses et à la construction de soi incertaine.
Un roman qui en rappelle pleins d'autres ou s'extirpe des plaies béantes, des souffrances cachées et des blessures inguérissables.
Un peu de mal à rentrer au début dans le roman car on ne sait pas trop ce que veut et ou va notre "héroïne" mais le fil de l'histoire une fois mis à jour , la trame se met en place et on en comprend toute l'importance.
Un livre courageux pour les mères, les filles et pour dénoncer.
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Arielle a à peine plus de 16 ans quand elle intègre une école d'ingénieur de province. Et son campus. L'occasion tant attendue pour cette jeune fille de "bonne famille" de s'affranchir du carcan familial. Arielle, bien décidée à perdre rapidement sa virginité, attire tous les garçons, y compris Eric, son aîné de 6 ans, et qui la fascine. Débute alors une relation toxique et douloureuse, qui prend fin de manière violente.
Et tout cela se passe à la fin des années 80. Avant le Sida, avant l'usage répandu du préservatif. À une époque où, à l'école, on ne parle pas de sexualité aux adolescents mais de reproduction des mammifères (y compris l'homme) en cours de sciences naturelles, jamais de consentement, de séduction, et si peu de contraception.
Pas mieux du côté des parents ! La mère d'Arielle, elle-même blessée très jeune par un homme abusif, ne prend pas le relai. Elle préfère se taire, devine mais ne questionne pas, démissionne, persuadée que sa fille n'apprendra rien d'elle. Pas d'autres adultes vers lesquels se tourner.
Il faudra longtemps à Arielle pour mettre des mots sur son histoire, y compris celui de viol.
Je reconnais que le style de l'auteure ne m'a pas totalement convaincu. Très direct, presque léger au début, axé sur l'essentiel, alternant le point de vue d'Arielle, de sa mère, d'un ami, il ne m'a pas permis de m'attacher aux personnages.
Mais ce n'est pas très important.
Ce qu'il l'est en revanche, c'est de redire l'absolue nécessité du dialogue avec les parents ou avec des adultes référents, du partage d'expérience, du témoignage.
A ce titre, cette autofiction est essentielle.
Quarante plus tard, il n'est pas superflu de redire que la parole doit être libre. Et malgré ce que dit le bandeau, ce livre s'adresse aux jeunes filles de 16 ans, mais aussi aux jeunes hommes, aux parents, à tous.
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