Oeuvres choisies de Fontenelle et Vauvenargues

Ni l’ignorance n’est défaut d’esprit, ni le savoir n’est preuve de génie.

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On peut aimer de tout son cœur ceux en qui on reconnait de grands défauts. Il y aurait de l'impertinence à croire que la perfection a seule le droit de nous plaire. Nos faiblesses nous attachent quelquefois les uns aux autres autant que pourrait le faire la vertu.

Avant d'attaquer un abus, il faut voir si on peut ruiner ses fondements.

Si une pensée ou un ouvrage n'intéresse que peu de personnes, peu en parleront.

Il est bon d'être ferme par tempérament, et flexible par réflexion

On ne plaint pas un homme d'être un sot, et peut-être qu'on a raison ; mais il est fort plaisant d'imaginer que c'est sa faute.

— En vérité, dit la marquise en me regardant, vous êtes fou.
— Qui vous dit le contraire ? répondis-je.
— Mais je veux vous le prouver, reprit-elle ; je ne me contente pas de l'aveu que vous en faites. Les Américains étaient si ignorants qu'ils n'avaient garde de soupçonner qu'on pût se faire des chemins au travers des mers si vastes ; mais nous, qui avons tant de connaissance, nous nous figurerions bien qu'on pût aller par les airs, si l'on pouvait effectivement y aller.

La majeure partie du public français d'aujourd'hui ignore les écrits de Fontenelle ; et les critiques les plus autorisés s'accordent à penser que rien ne légitime un pareil oubli. Apparemment, il nous suffit de connaître ce qu'on dit de lui dans les manuels d'Histoire littéraire, et, pour y avoir lu qu'il était un des précurseurs du XVIIIe siècle, nous nous croyons dispensés d'en apprendre davantage à son sujet.