Qui pourrait avoir envie de partager la vie d’un marginal comme lui, d’un sans-emploi subsistant grâce à diverses allocations, d’un homme qui passait le début de ses nuits sur le matelas bosselé d’une pension de famille miteuse et le reste de ses journées à errer sans but ?
Diane savait cependant que les goûts d’une adolescente ne sont plus les mêmes que ceux d’une enfant… Qu’à cet âge-là, on prend conscience de son corps, que l’on est attentif à sa nouvelle silhouette…
Le travail est la meilleure des thérapies.
À dix ans, voir un handicapé mental se suicider en se jetant du toit d’un hôtel est une expérience traumatisante, certes, mais enrichissante également, qui l’avait aidé à mûrir. Elle l’avait forcé à se poser très tôt des questions.
Elle n’était pourtant pas particulièrement jolie – elle n’avait en rien la beauté d’une Carly –, mais ses yeux marron avaient agi sur Shawn comme des aimants. Et tout son être dégageait une mélancolie telle qu’on n’avait qu’une envie : voler à son secours
Les tentes étaient si proches les unes des autres qu’il était difficile d’avoir une véritable intimité, et il n’était pas rare quand quelqu’un éternuait d’entendre un voisin lui répondre « à vos souhaits ».
Avec un peu de calme et de repos, elle retrouverait bien vite une mine superbe. Toutes ses collègues femmes veillaient scrupuleusement à leur apparence physique – clé de leur succès ! Cela pouvait sembler injuste, mais c’était un paramètre qu’il fallait avoir à l’esprit lorsqu’on travaillait à la télévision. Les hommes eux aussi surveillaient leur image. Mais ils étaient moins à la merci d’une ride, d’un cheveu blanc ou d’un kilo en trop, dont ils s’accommodaient sans peine.
Elle avait consommé avec parcimonie les quelques vivres à sa disposition. Mais cela ne l’inquiétait guère. La faim était pour elle une compagne habituelle. Elle savait se contenter du minimum.