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Critique de pititecali


Vraiment touchant, même si j'attendais encore plus d'émotion !



J'ai reçu ce livre il y a quelques jours, en SP de la part de la Collection R, que je remercie infiniment pour cette très jolie lecture, très touchante et dont on ne ressort pas tout à fait le même.

Certains de mes camarades blogueurs avaient déjà pu découvrir ce roman, et ne tarissaient pas d'éloges dessus, mettant en avant la vive émotion qu'il avait suscité en eux, voire, carrément le choc, le qualifiant de dévastateur et obsédant (Chronique de Wandering World, citée sur la quatrième de couverture). J'étais donc ravie et hyper pressée de l'ouvrir, pressée de pouvoir enfin pleurer avec un livre. Evidemment, pour changer, ce ne fut pas le cas. Mes canaux lacrimaux sont peut-être défectueux, pourquoi ne sais-je pas pleurer avec une lecture ? MERDE !

Bref. Quand on l'a reçu, avec Marion, ma copinaute chroniqueuse à La vie des livres, on a très vite décidé de le lire rapidement, et conjointement. le temps de terminer nos lectures en cours, nous nous sommes donc jetées sur ce roman comme la crise économique sur la France, pour une petite LC improvisée.

Dès le début du roman, on sent qu'on va être touché tout le long par l'amitié entre Kai et Jem, et surtout la fin tragique de celle-ci. Comme toujours (ou presque) avec les romans de la Collection R, le style est d'une fluidité incomparable et les pages défilent toute seule, à vitesse grand V. Alors, par contre, comme toujours (ou presque aussi, cf La 5e vague), on est ici dans la catégorie Young-Adult, plutôt versée côté ado... C'est toujours ce petit côté qui me dérange un peu, pas au point que je n'aime pas les livres, mais probablement que je les aimerais encore davantage si je sentais moins l'immaturité, les soucis du lycée me paraissent tellement loin qu'il m'est presque impossible de m'identifier ou vraiment m'attacher aux personnages. En l'occurrence, plutôt que de m'identifier à Jem, ce qui m'aurait permis de "vivre" encore plus cette histoire, je l'ai plutôt vécue de l'extérieur, comme si Jem avait été ma fille quoi, ou une nièce... C'est un peu dommage pour moi, cela dit, ce n'est absolument pas imputable à l'auteure, mais plutôt au genre. Même si certains auteurs parviennent tout de même à me faire oublier totalement ce côté "trop ado" (car je ne cherche pas forcément de la très grande littérature dans le style d'écriture, en revanche, il me faut des personnages auxquels m'identifier/m'attacher. BREF (qu'est-ce que je bavasse !)

Ce petit défaut (pour moi) mis à part (qui explique ma note), j'ai vraiment passé un excellent moment. Assez bizarre d'ailleurs de dire ça d'une histoire passablement triste, ça fait un peu malsain de dire qu'on "aime", mais bon, j'ai été très prise dans ma lecture, toujours mon livre à la main ou presque, l'ouvrant dès que j'avais 3 minutes pour en lire une page ou deux. Ce comportement est en général très très bon signe. Cela veut tout simplement dire que je suis complètement dans l'histoire et que je veux absolument poursuivre et savoir ce qui va arriver.
J'avais déjà lu Cruelles, de cette auteure, qui m'avait fait à peu près le même effet. Cat Clarke semble avoir une prédilection pour les thèmes choc, la mort chez les ados, les persécutions subies par les jeunes...

Une nouvelle fois, on m'avait prédit que je pleurerais, ce ne fut pas le cas, même si j'ai tout de même terminé cette lecture avec une petite boule dans la gorge, et assez surprise par la fin, ce qui ne fut pas pour me déplaire, bien au contraire :)

Jem et Kai sont tellement attachants, (oui, leur relation est vraiment attachante, à défaut de m'être attachée totalement aux persos) même par-delà la mort de Kai dans des circonstances tragiques, victime de la malveillance d'un élève mystère concernant son homosexualité, qui le poussera à se suicider de manière très violente, laissant Jem, sa meilleure amie de toujours, seule, et incroyablement en colère.
Ce livre relate tout le processus de vengeance qui émerge dans la tête de Jem, qui ne supporte que très mal la vie sans son "âme-soeur". Je ne dévoilerai rien de plus que ce qui se trouve déjà sur la quatrième de couverture, l'angoisse du spoil planant toujours au-dessus de ma tête. (je vous vois bien, prêts à me tomber dessus avec vos faux et vos flambeaux !)

Une histoire assez glauque et sombre, finalement, si on se fie à ce petit résumé. A la lecture, pas tant que ça. Cat Clarke arrive à ne pas tomber dans le pathétique et nous aide à relativiser. L'histoire n'en est pas moins grave évidemment, surtout quand on sait que c'est tiré d'un fait réél. le thème est dur, il nous montre à quel point nos gosses vont en chier dans la vie, dès qu'ils se sentiront différents ou à part, et à quel point les autres sont violents dans leurs réactions, dans leurs idées.
Toujours est-il qu'on est littéralement happé par cette histoire, avide de connaître les responsables, presque aussi désireux de les voir payer pour ce qu'ils ont fait. Avide de savoir comment Jem va s'en sortir, et SI elle va s'en sortir, vu ses projets. le cours de l'histoire est parsemé de lettres de Kai, qu'il a écrites à Jem juste avant de se jeter du pont. Une lettre par mois, à la date anniversaire de sa mort. Ces lettres, terriblement touchantes, permettent à Jem de ne pas perdre son objectif de vue, car elle pourrait bien se laisser prendre autrement à cette petite vie qu'elle se construit pour mener son plan à exécution.

C'est une histoire triste, effrayante aussi quand on est parent et qu'on se dit que ça pourrait arriver à nos enfants. Je la termine assez choquée de savoir que ça peut encore se produire de nos jours, de se faire rejeter et humilier parce qu'on est différent, parce qu'on ne couche pas avec le sexe opposé, parce qu'on a des goûts autres que ceux qu'on voudrait nous imposer. Que peut-il bien y avoir de risible dans l'homosexualité, je vous le demande ? Je n'ai qu'un souhait pour l'avenir de mes petits, de ne jamais les voir dans un rôle ou dans l'autre de cette histoire. S'ils devaient s'avérer homosexuels, qu'ils arrivent à le vivre de manière épanouie, à claquer le bec des abrutis, des "bien-pensants" et vivre leur vie pleinement. Et s'ils devaient assister au harcèlement d'un homosexuel par des petits cons, qu'ils ne se laissent pas basculer sur cette pente horrible, mais trouvent au contraire le courage de s'insurger, et de tenter de mettre fin à ces comportements intolérants et cruels.
Limite je leur ferai lire Revanche avant l'heure, si ça peut leur faire comprendre la gravité de tels actes. du coup, je me dis (enfin je pense) que le message de Cat Clarke est bien passé.

D'ailleurs, je vais tout de suite faire un petit apparté, pour vous parler de l'association le Refuge.

(montage et texte ci-dessous réalisés par Karen du blog Au boudoir écarlate)

Revanche de Cat Clarke sorti le 17 octobre, dans la Collection R, un roman magnifique, sublime, poignant, malheureusement directement inspiré d'un fait divers :
Le suicide de Tyler Clementi, 18 ans : http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/10/06/l-adieu-sur-facebook_1421117_3222.html

Une occasion de parler de l'ostracisme et des abus, aussi bien physiques et moraux, que peuvent subir les jeunes homosexuels au quotidien. Il existe en France une association qui s'occupe des jeunes victimes d'actes homophobes : LE REFUGE.

Fondée en 2003 par Nicolas Noguier, l'association le Refuge accueille des garçons et des filles de 18 à 25 ans exclus du domicile familial du fait de leur homosexualité ou de leur transexualité.
L'association, qui dépend pour moitié des dons et pour l'autre de subventions, dispose d'appartements-relais et de places d'hôtel en Ile-de-France, à Marseille, à Lyon et à Montpellier.
L'antenne de Paris, ouverte en 2008, héberge ainsi vingt-et-un jeunes "de 20 ans en moyenne" pour une période de six mois, le temps d'essayer de trouver un travail et un logement.
Le Refuge propose également un accompagnement social et psychologique, ainsi qu'une ligne d'urgence : 06 31 59 69 50.

1er chapitre du roman par ici : http://fr.calameo.com/read/00091354492d0653a19dd



Le message étant passé, reprenons le cours normal de notre chronique, pour le petit focus sur les détails :

- La couverture : Comme trèèèèès souvent, dans cette collection R, on n'est vraiment pas déçu par la couverture ! Absolument superbe, Et tellement en osmose avec le contenu. Elle attire l'oeil et on ne peut plus la quitter des yeux. J'y suis personnellement revenue souvent, au cours de ma lecture, parce qu'elle me touche plus que je ne l'aurais cru au premier abord, tellement représentative de ce qu'on lit à l'intérieur. Elle est magnifique, rien à redire là dessus, les couleurs, la composition, la police, la mise en page. Tout est parfait. Ce n'est toutefois pas un coup de coeur, ici non plus.

- le style : Un seul mot. Facile. Un bon et un mauvais point en même temps. Facile, ça veut un peu dire pas forcément très recherché, pas forcément très nourrissant, littérairement parlant. Mais facile, ça veut aussi dire hyper fluide, une lecture qui coule toute seule, sans effort, sans contrainte, à toute vitesse, les brides sont lâchées et on lit ce livre au grand galop.

- L'histoire : Passionnante et émouvante. Pas jusqu'aux larmes cependant (mais je commence vraiment à me dire que cela doit venir de moi), mais néanmoins très forte, triste, choquante. Bref, elle ne laisse pas indifférent. Si seulement elle n'avait pas concerné des lycéens (mais je crois que l'effet n'aurait vraiment pas été le même, en même temps) je m'y serais projetée tellement fort que je ne m'en serais pas remise.

- Les personnages : Jeunes mais terriblement touchants. Des ados normaux, en somme, face à un drame ou à la différence. Face à la colère, à l'incompréhension, à la soif de vengeance. Face à la méchanceté, à la cruauté, à la jalousie... Comme dans beaucoup de romans Young-adult, on ne peut pas dire que leur psychologie soit hyper fouillée ou travaillée, mais ce n'est pas grave, ce n'est pas ce qu'on en attend. On passe vraiment une année avec Jem et le "groupe populaire" dans le présent, dans le maintenant. Quasiment le seul élément du passé dévoilé (quasiment hein) seront la mort de Kai et quelques souvenirs de leur amitié. Mais on n'a pas besoin de plus pour ressentir la puissance des choses, et comprendre le déroulement des évènements. Mes persos préférés sont Jem et Kai, évidemment, qui s'aiment tellement fort et profondément qu'on le sent dans chacune de leurs paroles, et j'ai aussi beaucoup aimé Lucas et Sasha, qui feront bientôt partie de la "nouvelle vie" de Jem. de sa nouvelle vie ou de son plan ?

- L'édition : Niveau correction, je dirais de ce roman qu'il est comme l'ensemble de la collection. Pas complètement parfait, mais pas loin, il ne reste que 2 ou 3 coquilles. Il est de toute façon excessivement rare de trouver un livre qui n'en contient aucune.

Niveau mise en page et compagnie : Confort ! C'est un gros livre oui, mais la police est large, la mise en page aérée, les marges conséquentes. C'est un point commun à toute la collection R qui me plaît, cette mise en page confortable ajoute encore au plaisir de la lecture, selon moi.



En résumé : J'ai hésité à mettre 4 ou 5 coeurs car si j'ai vraiment passé un super moment au point de presque oublier les quelques petits défauts, ils me sont quand même restés en tête. Cela dit, le plaisir de la lecture a été présent et bien présent, et j'ai dévoré ce livre avec passion, surtout vers la fin où tout s'accélère et où la tension devient palpable, où on va enfin comprendre...
Je recommande ce livre à tous, il vous fera dans tous les cas passer un bon (à très bon) moment.


Cali
Lien : http://calidoscope.canalblog..
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