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Critique de horline


Ça commence comme un roman de Giono : un village isolé au milieu des montagnes, figé dans le temps, vivotant au rythme de ses habitants, des taiseux, sans âme ni mémoire. Tel en témoigne l'instituteur du village cf. " les hommes vivent un peu comme les aveugles, et généralement, ça leur suffit. je dirais même que c'est ce qu'ils recherchent, éviter les maux de tête et les vertiges, se remplir l'estomac, dormir, venir entre les cuisses de leur femme quand leur sang devient trop chaud, faire la guerre parce qu'on leu dit de la faire, et puis mourir dans trop savoir ce qui les attend..." (p.42).
Et pourtant très vite, on s'aperçoit qu'il s'y est produit un drame : les hommes du villages ont tué l'Anderer, un étranger, et mission est confiée à Brodeck, le seul du village ayant poursuivi des études à la Capitale, "d'expliquer ce qui s'est passé depuis la [venue de l'Anderer] et pourquoi ils ne pouvaient que le tuer".
Il appartient alors à Brodeck, lui-même arrivé au village devenu pensait-il son village, d'absoudre la faute collective des habitants.
L'auteur installe l'enquête dans une atmosphère pesante, distillant çà et là des menaces sourdes, oppressantes. La progression de l'intrigue s'en trouve affectée. Une progression rendue lente également par le fait que la rédaction du rapport ne laisse pas le narrateur indemne, révélant toutes les cicatrices jamais refermées, nées de l'occupation et de la captivité, et ravivées par l'attitude des villageois.

Dans un style sobre où exhalent les non-dits, l'auteur nous plonge dans un abîme où s'entremêlent sans jamais se confondre deux histoires : celle de Brodeck emprunt d'un réel humanisme, envahi par son passé et qui s'interroge, et celle du village préférant le confort de la torpeur où règne l'oubli.

P. Claudel manie avec habileté le chevauchement de ces deux histoires sans verser dans l'excès de manichéisme.
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