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Critique de dancingbrave


Un grand auteur pour un grand roman psychologique sur la noirceur de l'âme humaine.

Philippe Claudel, que j'avais déjà rencontré, dans le rapport de Brodeck, sait trifouiller l'âme humaine et en faire sortir ce qu'on souhaiterait garder caché, comme ces enfants qui enfoncent une paille dans le terrier des grillons. C'est là son grand talent. Son style est clair, concis, vivant.
Il nous parle de gens ordinaires, donc de vous, de moi ; et comme rien de ce qui est humain ne nous est étranger, la noirceur, au mieux la grisaille des âmes qu'il nous fait rencontrer nous fait entrevoir la nôtre propre. Insidieusement et avec force.

Les âmes grises, ce sont les nôtres à nous tous : ni blanches ni noires.
Mais celles que nous introduit ce superbe roman, elles, sont plutôt des âmes gris-foncées.
Des âmes gris-foncées qui évoluent dans un univers où la mort est présente partout : La mort sur le front tout proche, La mort des belles et jeunes épouses, la mort des âmes de deux qui restent, La mort de Belle de jour enfant de 10 ans, celle d'une belle institutrice, celle d'hommes peut-être innocents mais condamnés, celle d'un nouveau-né.
Un peu comme si tout ce qui est beau devait disparaître comme si ce qui ne pouvait survivre n'était que laid, fou, vil, sale, gris ; nous laissant un monde aux mains de petits chefs aux pouvoirs abusifs, infondés, inhumains faisant le lit des âmes incertaines dont la couleur grise ne demande qu'à noircir.

Mais ce monde si gris est bien notre monde. La vie, ses douleurs, ses horreurs, peuvent faire plonger chacun d'entre nous dans les pires turpitudes.

Mais il y a aussi ces carnets dans lesquels notre narrateur confie, comme une résistance, les quelques lumières qui restent, celles qui empêchent son âme déjà trop grise de devenir noire.
Il y a encore ces carnets dans lesquels une femme amoureuse confie sa peur de perdre l'être aimé.

L'homme, toujours, a cette possibilité de trouver un salut, souvent sous une forme artistique, parfois autre, qui lui permet de se sortir, s'il le souhaite, de cette fange.

Là est l'espoir qui nait de ce livre.

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