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Critique de Arakasi


Le roman d'aventure maritime est plutôt une spécialité britannique, il est donc toujours plaisant de voir un écrivain d'une autre nationalité se livrait à cet intéressant exercice et encore davantage - et sans chauvinisme aucun, je vous assure - quand cet écrivain est français ! Bien qu'en ayant lu assez peu, j'ai toujours apprécié les beaux récits de voyages et les batailles navales épiques, raison pour laquelle je me suis immédiatement procurée ce premier tome des aventures du capitaine Gilles Belmonte dès que j'en ai entendu parlé. le résumé de “Pour les trois couleurs” vendait du rêve : de la diplomatie, de l'espionnage, de la baston, de beaux paysages, un jeune capitaine et un équipage rétif, de jolies femmes… Et en plus, tout cela se déroulait au lendemain de la Révolution française, période qui a toujours enflammé mon imagination ! Rien de très novateur, à la première vue, mais un peu de classicisme n'a jamais fait de mal, hein ?

Oui, mais bon… Il y a une sacrée nuance entre “un peu” et “beaucoup trop”. Fabien Clauw a clairement voulu utiliser à son profit les bonnes vieilles ficelles du roman romantique, ce qui ne serait pas un tort s'il leur avait insufflé un peu d'originalité et de nouveauté, voire les avait détourné de façon ingénieuse. Ce qui n'est pas le cas. Vraiment pas. Oh, son style d'écriture est indubitablement plus moderne que celui d'un Dumas ou d'un Stevenson, mais le reste sent tellement le resucé que, sans avoir détesté ma lecture, je peine un peu à en voir l'intérêt.

Tout n'est pas à rejeter, bien sûr : l'intrigue n'est pas dépourvue d'intérêt, l'ambiance de la vie en mer est bien rendue, les scènes de bataille sont efficaces… Non, le véritable problème vient de la caractérisation des personnages. Passons tout de suite sur les personnages secondaires - ils sont inconsistants et ne s'éloignent en rien des bons vieux clichés habituels - et attaquons-nous au capitaine Belmonte, notre beau beau héros sans peur et sans reproche. Il est patriote, il est jeune, il est audacieux, il est ingénieux, il a bon coeur, il est ferme avec les hommes et timide avec les femmes, tout lui réussit, c'est le meilleur marin de la création, un ami fidèle et un chef né. Bref, il correspond trait pour trait aux canons du héros romantique et est, par conséquent, chiant comme la pluie. Et je n'ai aucune envie de me taper encore quelques centaines de pages en son ennuyeuse compagnie.

Autre chose aussi. Ca commence à vraiment m'agacer que les personnages principaux dans ce type de roman soient toujours des républicains pudibonds qui pensent que la liberté et l'égalité c'est bien, mais que la violence c'est tout de même très vilain et qu'il ne faudrait pas embêter les nobles quand ils sont gentils, sympathiques et courageux. Je veux lire un jour un roman sur la Révolution où le héros pensera sincèrement que les exécutions sont une nécessité, qu'il faut casser la gueule à ces emmerdeurs de vendéens, qu'on a bien fait de décapiter le citoyen Capet et que la fin justifie parfois les moyens, sans être présenté comme un détestable salaud pour autant, juste comme un mec de son temps avec les idées de son époque. Ca apporterait une sacrée bouffée d'air au genre. (Bon, je suis légèrement de mauvaise foi : j'en ai lu quelques uns de romans de ce type ou à peu prés, mais force est de remarquer qu'ils sont tristement rares…)

Résultat : je suis allée me consoler ensuite dans les bras de Patrick O'Brian et de Jack Aubrey - et oui, des anglais, honte sur moi - et bien m'en a pris. Mon jugement a posteriori est probablement un peu sévère mais Fabien Clauw a malheureusement beaucoup pâti de la comparaison...
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