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Critique de Shenandoah


Alors que les histoires de zombies sont à la mode, le plus gros challenge pour les auteurs qui veulent jouer avec les morts-vivants est de trouver un angle d'attaque original. Sur ce plan, on peut dire que Fabien Clavel a fait fort, car ses héros sont les pensionnaires d'une maison de retraite !

L'histoire est racontée à la première personne par Matthieu Cirois, un nonagénaire acariâtre, qui vit à la maison de retraite des Mûriers. Un jour, la doyenne, Maglia, a la vision d'un fléau qui va s'abattre sur le monde, et préconise à ses camarades de se barricader pendant quarante jours et quarante nuits. le délai écoulé, les vieillards découvrent un Paris dévasté et envahi de zombies auxquels ils vont devoir échapper, juchés sur leurs fauteuils roulants.

Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un livre avec un "héros" aussi détestable, qui se décrit d'ailleurs lui-même comme un salopard. Il est méchant, cynique, menteur, à tendance paranoïaque... et malgré tout si bien écrit qu'on a le temps de s'y attacher avant de réaliser à quel point il est infect. Il faut dire que l'auteur maîtrise parfaitement l'écriture à la première personne, et, si Matthieu ment à ses camarades, il cache aussi des choses au lecteur, ce qui lui permet de se montrer à son avantage.

Du coup, si les personnages secondaires sont tous mémorables, de l'ancien nazi raciste à celui qui ne parle qu'en chansons, on peut se demander si Matthieu n'exagère pas un peu en nous les présentant. Quoi qu'il en soit, imaginer ces personnages improbables est tellement drôle que la réponse à cette question n'a finalement pas trop d'importance.

En plus de ces personnages hauts en couleur, l'humour noir présent tout au long du livre est absolument délectable. Il y a un tel contraste entre les événements décrits et la manière dont Matthieu nous les raconte qu'on ne sait jamais sur quel pied danser, les scènes authentiquement drôles côtoyant les passages les plus horribles avec la même écriture détachée. Cela provoque une sorte de fascination qui tient vraiment le lecteur en haleine.

Étrangement, les passages les plus insoutenables ne sont pas forcément ceux des attaques de zombies, mais ces longues pages où le narrateur nous raconte sa vie aux Mûriers. La manière dont ces personnes sont traitées par le personnel, et qui je le crains n'est pas très éloignée de la réalité de certains établissements, est vraiment atroce.

Comme souvent, les zombies sont à nouveau ici une excuse pour étudier l'être humain et les atrocités dont il est capable, et la fin du roman est édifiante sur ce point.

En conclusion, ce roman très rapide à lire est vraiment excellent, et ravira les amateurs de zombies et d'humour noir. Je n'avais encore rien lu de Fabien Clavel, mais ce roman m'a donné envie d'en lire davantage, d'autant que la petite interview à la fin du livre donne un aperçu intrigant des différentes facettes de son oeuvre.
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