AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Aline1102


Dans cette huitième enquête de Vera Stanhope, la police du Northumberland travaille sur une affaire qui replonge l'inspectrice bourrue dans son passé, et surtout dans celui de son père, Hector.
L'un des vieux amis de celui-ci, un ex-policier nommé John Brace, est enfermé dans le quartier des personnes âgées et des invalides d'une prison dans laquelle Vera fait une intervention. Il la reconnaît comme la fille de son ami Hector Stanhope, et lui demande de veiller sur sa propre fille, Patty, en échange de quoi il fournira des informations sur une vieille affaire : la disparition de Robbie Marshall, un autre de ses amis.
Intriguée par ce que John Brace pourrait bien lui révéler, Vera se prend au jeu : elle va voir Patty Keane, obtient les informations promises par Brace, et dégage deux squelettes d'un ponceau de St Mary's Island.
Au fil de l'enquête compliquée à laquelle son équipe est confrontée, Vera se pose de plus en plus de questions sur son père et les liens de ce dernier et de ses trois amis (la bande des quatre) avec la mort de deux personnes retrouvées dans le ponceau.

Ann Cleeves est, à mon humble avis, l'une des meilleures auteures de polars de langue anglaise. Il suffit d'ouvrir un seul roman des enquêtes de Vera pour s'en rendre compte : la profondeur des personnages, les détails de leurs histoires et de leurs trajectoires personnelles les rendent particulièrement réalistes et « vivants ». Même les plus secondaires d'entre eux sont décrits et exploités de telle façon qu'il est possible de se les représenter précisément, avec leurs qualités et leurs défauts, leurs forces et leurs faiblesses.
Une affaire classée a été adaptée à la télévision sous le titre « Une histoire ancienne ». Les deux intrigues présentent des différences notables et le roman, plus complet et plus fouillé, m'a bien plus passionnée que la série, dont je suis pourtant une grande fan (l'interprétation de Brenda Blethyn n'étant pas pour rien dans mon attachement envers le personnage de Vera).

Dans la « version roman » de cette enquête, Vera est moins torturée que son alter-ego télévisuel. Même si elle se pose beaucoup de questions sur la vie de son père décédé, elle reste concentrée sur son enquête et semble puiser de l'énergie dans la complexité de celle-ci. Son sergent, Joe Ashworth, la trouve d'ailleurs comme rajeunie pas son enthousiasme lorsque l'équipe est réunie afin de faire le point sur l'avancée de l'enquête.
Le point commun dans les deux versions, c'est la personnalité de Vera. Bourrue et mal fagotée, elle ne paie pas de mine et est souvent prise pour autre chose qu'une inspectrice de police Mais Vera est intelligente, dotée d'un instinct policier sûr et efficace. Et elle aime son métier. Elle se soucie des gens et c'est encore une fois Joe Ashworth qui parvient à exprimer cela lorsqu'il répond à une question d'Holly, qui lui demande pourquoi victimes et témoins se confient plus facilement à Vera qu'à son équipe. Réponse de Joe : « Parce qu'elle s'intéresse ». J'imagine très bien ici l'expression anglaise d'origine, plus imagée et profonde que tout équivalent français : ‘'Because she cares'', to care signifiant non seulement s'intéresser à/se soucier de, mais aussi prendre soin…

Après, bien sûr, le personnage n'a pas que des bons côtés. Vera a aussi ses défauts. Elle est autoritaire avec les membres de son équipe (même si elle les materne un peu) et impatiente. Elle ne prend pas soin d'elle ni de sa maison. Elle est parfois solitaire et impulsive, ce qui lui vaut d'ailleurs une assez mauvaise surprise à la fin de ce roman.

Même si Vera est l'(anti-)héroïne de cette enquête, Ann Cleeves ne laisse pas son équipe de côté pour autant. Charlie, Joe et Holly ont tous droit à leurs propres passages dans l'histoire et Une affaire classée est composé comme un travail de groupe plutôt que comme un solo de Vera. On suit alternativement chacun des personnages, ce qui permet de mieux saisir les détails parfois subtils d'une enquête assez compliquée.

Le rythme de l'histoire est excellent : ni trop rapide ni trop lent, bien dosé par l'auteure qui retient notre attention de la première à la dernière page, sans pour autant se lancer dans des scènes d'un suspense insoutenable. Ann Cleeves parvient vraiment à captiver ses lecteurs avec ce « cold case » très prenant et la manière dont celui-ci s'intègre dans l'histoire personnelle de son inspectrice rend les choses encore plus intéressantes.

Un grand merci à Babelio et aux éditions l'Archipel pour ce roman, reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique Mauvais Genres !
Commenter  J’apprécie          1810



Ont apprécié cette critique (18)voir plus




{* *}