Par le passé, elle se serait braquée, mais elle avait suffisamment d'expérience pour comprendre qu'il était inutile de s'engager dans des batailles perdues d'avance.
Elle s'inquiétait parfois de les écraser avec sa personnalité et ses préjugés, de ne pas leur laisser assez d'espace, de ne pas les inciter à prendre leurs propres décisions.
Elle avait si peu d'occupations en dehors du travail qu'il lui fallait une enquête complexe pour donner un sens à sa vie.
C’était ça le problème quand on était obsédé par une affaire : on perdait le sens des proportions, on voyait tout à travers le prisme de l’enquête.
Un manque de confiance qui lui donnait l'impression qu'un gouffre allait s'ouvrir sous ses pieds, et qu'elle ne trouverait rien de solide pour l'accueillir, il n'y aurait que le souffle de l'air pendant qu'elle filait vers une catastrophe certaine.
Elle avait parfois l'impression d'avoir passé toute sa vie dans une demi-clarté, de ne se sentir alerte que la nuit.
Elle voulait quitter la prison et ses odeurs typiques de désinfectant et de légumes trop cuits, oublier ce foutu John Brace et manger une glace rhum-raisins devant la baie de Druridge, le visage balayé par l'air pur.
Elle ne croyait pas Hector capable de meurtre, mais voilà que le doute et la suspicion se faufilaient dans son esprit. Ils étaient comme des racines de lierre qui poussaient contre un mur. Tout d’abord insidieuses, puis envahissantes et impossibles à ignorer ou à arracher.
Ils changeaient les acronymes aussi souvent que la femme de Joe Ashworth accouchait.