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Critique de Pecosa


Parmi les femmes remarquables de la Renaissance, Élisabeth Ière, Catherine de Médicis ou Lucrèce Borgia. il y eut la singulière, riche et influente Gracia Nasi, (1510-1569) qui naquit à Lisbonne, mourut à Constantinople, géra une immense fortune qu'elle prêta aux rois et hommes de pouvoir, vint en aide aux juifs persécutés à travers l'Europe et lutta contre les différents monarques qui tentèrent de s'approprier sa fortune.
Née au sein d'une famille juive espagnole qui s'enfuit au Portugal en 1492 et qui dut se convertir quelques années plus tard, elle fit un riche mariage, eut une fille, vécut à Anvers une fois veuve, puis à Venise et à Ferrare, s'installa à Constantinople où elle fut accueillie par Soliman le Magnifique. Dirigeant la « Banque Mendes », aussi puissante que celle des Médicis, Gracia Nasi, fut surnommée « Le Coeur de son peuple », « La Senora », figure de la bienfaitrice, qui organisa de véritables réseaux pour les juifs et marranes percutés, fit construire des synagogues et des yeshivas et traduire la Bible en judéo-espagnol, se fit accorder par Soliman un bail dans la région de Tibériade, pour y reconstruire des villages destinés aux réfugiés.

Sa vie tumultueuse, se prête à la saga romanesque. C'est via l'existence de son célèbre neveu Joseph Nassi (1524-1579),associé fidèle devenu ensuite une figure importante de la cour de Soliman le Magnifique qui le fit seigneur de Tibériade et duc de Naxos que renaît La Senora. Catherine Clément offre à ses lecteurs une grande fresque dans laquelle Gracia Nasi est au second plan, mais bien entendu omniprésente, et dans la vie, et dans les souvenirs de son insupportable neveu qui lui voue un amour ambigu . Les amateurs apprécieront ce savant dosage d'Histoire et d'aventures romanesques notamment entre les murs de la Sérénissime ou sous les fastes du règne de Soliman le Magnifique .
Hélas pour moi, avant de lire ce roman, j'ai lu Doña Gracia Nasi de Cecil Roth, et la fresque de Catherine Clément a bien du mal à rivaliser avec l'ouvrage, certes universitaire mais qui montre cette femme exceptionnelle dans toute sa complexité: trois patronymes, deux religions, l'une de façade, l'autre secrète, une existence oscillant entre catholicisme et judaïsme, entre Orient et Occident, qui vivait à l'espagnole dans le quartier européen de Constantinople, une femme dotée d'un grand sens politique qui comprit que les nations avaient besoin de réseaux marchands, se servit de ces mêmes réseaux pour organiser la fuite des juifs et des marranes, et organisa le boycott d'Ancône, port des états pontificaux, en réaction aux agissements de l'Inquisition.
Je remercie Latina pour le conseil de lecture, et attends avec impatience de voir le film que le réalisateur Amos Gittaï va lui consacrer.
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