Lus Ojus
Kontami la kunseja
ki si kamina in tus ojus
kuandu lus avris
la manyana
kuandu il sol
entra su aguda di luz
in tus suenyus
Clarisse Nicoïdski
(Extrait de Lus Ojus, las Manus, la Boca, poèmes écrits en judéo-espagnol. La traduction de ce fragment est l'œuvre de Haim Vidal Sephiha: Les Yeux: "Conte moi le conte/qui chemine en tes yeux/Quand tu les ouvres/Le matin/Quand le soleil/Met son aiguille de lumière/Dans tes songes.")
Je me rappelle encore les paroles d'une ritournelle dans laquelle une barque de cannelle vogue sur une mer de lait. Cette chanson que Reyna aurait pu dédier à sa mère si celle-ci avait chanté, s'appelait "La Serena":
Si la mar era de leche
Los barquitos de canela
Yo me mancharia antera
Por salvar la mi bandiera
Si la mar era de leche
Yo ma me haria pexcador
Pexcaria las mis dolores
Con palavricas d'amor
Je n'avais pas remarqué la couleur des flots. Je n'avais vu que des éclairs, des casques, des boucliers, des pavillons flottant au vent, de la fumée, de minuscules figurines qui tombaient en battant des bras, des têtes qui surnageaient, l'air hébété, et des corps qui flottaient, comme des poissons, le ventre à l'air, au milieu d'une clameur d'agonie.
...était ce notre faute si nous formions les 2 moitiés d’un même être ?