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Critique de Apikrus


L'auteur souhaite étudier les réactions de l'être humain confronté au stress et aux dangers en milieu hostile, sur les plans physiologique et psychologique.
A cet effet, il organise l'opération "Adaptation" : 4 voyages de 30 jours chacun dans des milieux 'extrêmes' du fait des conditions climatiques et environnementales qui y règnent, à savoir, dans l'ordre :
- au Dash-e-Lut, désert aride et sec en Iran, à pied en remorquant l'équipement de survie (dont nourriture & eau) ;
- sur les Canaux marins de Patagonie, environnement aquatique froid, humide et venteux, en canoé ;
- dans la forêt tropicale du Brésil, chaude et humide, à pied avec sac à dos, et en raft ;
- en Iakoutie, où la température nocturne descend sous – 55° C.

Deux semaines séparent chaque voyage. A chaque fois, une règle de base est appliquée : voyager seul, sans liaison possible avec d'autres humains en cas de nécessité.

La démarche, annoncée en 4ème de couverture, m'a paru très intéressante, et sauf empêchement incontournable, l'auteur a respecté son programme.

Dans le désert iranien les journées étaient trop chaudes pour se déplacer, il attendait le soir à l'abri d'une toile tendue au-dessus de lui. En Patagonie, ce sont les tempêtes et les courants marins qui constituaient le principal danger. Dans la forêt Brésilienne, les petits animaux (venimeux, ou parasites véhiculés par l'eau) étaient plus dangereux que les jaguars, mais ce sont surtout les arbres qu'il fallait craindre puisque leurs chutes ou celles de leurs branches mortes peuvent être fatales. Enfin, en Sibérie, il convenait surtout d'éviter de suer (la sueur pouvant ensuite geler très rapidement) et de tomber à l'eau (risques de rupture de la glace en marchant dessus).

Son récit s'apparente parfois au scénario d'un film catastrophe, avec des scènes d'action fortes mais un dénouement connu d'avance. Ces passages m'ont parfois agacé, même si je peux comprendre l'importance de tels moments pour l'auteur et son expérience.

Christian Clot décrit l'altération de son discernement due à la fatigue et les risques en résultant. Il nomme « effet tunnel » son incapacité à percevoir et analyser des éléments de son environnement pendant certains laps de temps. Une technique simple lui permettait de vérifier ponctuellement le fonctionnement correct de son cerveau : rester capable d'additionner 3 chiffres !

Ses réflexions sur la manière dont l'humain perçoit l'écoulement du temps selon les contextes sont très intéressantes.
L'impact de la perception du temps sur notre manière de gérer l'effort physique m'amène d'ailleurs parfois à courir 👟👟 sur des itinéraires dont je ne connais pas la longueur sans prendre de montre : plaisir et (bonne) surprise à l'arrivée (vous constaterez avoir couru plus longtemps que vous ne le pensiez) sont garantis. Joggers, j'en profite pour vous recommander cette pratique, plutôt que de vous encombrer d'un matériel censé aider à gérer vos efforts en comptant vos pulsations cardiaques...

L'auteur présente la peur comme un mécanisme primordial de protection (« J'aime mes peurs. Jusqu'à un certain point, c'est grâce à elles que je suis encore de ce monde. »), comme une force lorsque l'on en connaît la source. Savoir accepter certaines situations pénibles inévitables plutôt que perdre de l'énergie à les déplorer est aussi essentiel, de même que l'espoir.

Un livre intéressant, mais je reste sur ma faim concernant les résultats de ces expériences, l'auteur attendant l'épilogue pour indiquer que les mesures qu'il a faites sont en cours d'étude…
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