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Critique de jlvlivres


« Speed boat » de Fabien Clouette et Quentin Leclerc (2019, Editions de l'Ogre, 48 p.), un petit ouvrage commandé expressément pour, non point renflouer, l'expression est trop forte, mais soutenir une librairie indépendante parisienne. Achat non pas fait au hasard, mais en fonction d'un éditeur « L'Ogre » qui a une politique éditoriale que je soutiens également. Comme quoi, on peut encore lire des livres sans avoir lu les critiques, souvent plates, des magazines soi-disant littéraires (il n'y en a plus beaucoup).
En fait, il y a plusieurs façons de lire ou de consommer du livre. En gardant un peu de temps de cerveau disponible de ce qui n'est pas pollué par la publicité. En se gavant de textes insipides, têtes de gondoles et alibis de machines à cash. Et si cela servait à se façonner une opinion, tout simplement, non pas avec les bons d'un côté et les mauvais de l'autre, mais en appréciant certains auteurs et en se faisant plaisir avec d'autres.
De plus c'est un livre qu'il convient de lire à l'aide des feuillets de plastique transparent rouge permettant, de déchiffrer les deux parties du « Manifeste pour une littérature révolutionnaire et illimitée ». Pour ceux (ou celles ou autres) pour qui les notions de lettres qui se suivent révèlent des formulations magiques issues des axiomes d'Euclide
- 1 un livre a au moins une ligne passant par deux mots ;
- 2 deux lignes dans un livre se rejoignent à l'infini ;
- 3 une page arrachée et pliée peut toujours être mis sous forme de boule ;
- 4 les angles droits naissent et demeurent libres et égaux entre eux (version universelle) ;
- 5 étant donné un mot et une ligne ne passant pas par le mot, mieux vaut changer de ligne (version RATP)
- 6 tout mot peut être rallongé par un autre mot pour en faire une ligne (version germanique)
-7 si deux lignes parallèles se chevauchent, utiliser les transparents rouges (dit également postulat Clouette et Leclerc)
Pourquoi les 48 pages ? Pour n'être pas un livre car celui-ci se définit comme « une publication non périodique imprimée comptant au moins 49 pages, pages de couverture non comprises, éditée dans le pays et offerte au public ». Selon la résolution adoptée lors de la douzième session de l'Unesco, « le dix-neuvième jour de novembre 1964 ». On y apprend donc que « le livre est offert au public ». Nul besoin de le voler ou de le dissimuler dans un manteau à larges et profondes poches. « Prenez et lisez, Ceci est mon oeuvre » disent d'ailleurs tous les loufiats libraires. Sur quoi, leurs patrons ajoutent « Et n'oubliez pas de payer ».

« On veut une littérature révolutionnaire et illimitée » je ne sais pas pourquoi, mais cela m'a fait penser à Léo Ferré (excusez du peu) dans l'admirable « le Chien » « Je parle pour dans dix siècles »
« Des armes et des mots c'est pareil
Ça tue pareil
II faut tuer l'intelligence des mots anciens
Avec des mots tout relatifs, courbes, comme tu voudras

IL FAUT METTRE EUCLIDE DANS UNE POUBELLE »

« Nous ferons un séminaire, particulier avec des grammairiens
particuliers aussi
Et chargés de mettre des perruques aux vieilles pouffiasses
Littéromanes »

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