Une nouvelle fois, cette jolie maison d'éditions nous propose une petite pépite de sensibilité.
Bruce Dehaut a raison :
la vie serait simple à Manneville. Parce que quand on est fils de "bonne" famille, et que le domaine familial accueille chaque année une ribambelle d'oncles, tantes, cousins et amis, et que la seule préoccupation que l'on a c'est de savoir qui remportera le tournoi de tennis du domaine cette année en sirotant un apéro, tout a le goût du bonheur, même si on sait que l'on vit une parenthèse enchantée. Bruce est veinard. Pas seulement grâce à cet argent. Mais parce que sa famille est aimante. Parce que sa famille le soutient, et accueille toujours ses amis les bras ouverts. Parce que sa famille ne le juge pas du fait de sa sexualité. Et pourtant, être homosexuel dans la France des années 80, ce n'est pas évident (ça ne l'est pas toujours davantage de nos jours vous me direz).
Jamais son orientation sexuelle ne sera occultée, moquée ou questionnée. Pas dans sa famille. Il n'y rencontrera ni déni ni jugement, parce que Bruce est ce qu'il est et il est aimé de cette façon.
C'est sûrement du fait de ce soutien sans faille qu'il ne comprendra jamais la fin de son grand Amour. de ses études à Owford où il se découvre, à ses débuts professionnels, à ses différentes missions à l'étranger en tant que journaliste, ce premier amour va le hanter. Au point qu'il ne peut pas faire de la place à quelqu'un d'autre dans son coeur.
Parce que le vrai pivot de ce roman, c'est cette histoire d'amour.
Mais évidemment, puisqu'on cause homosexualité et années 80, on va une nouvelle fois parler du fameux "cancer gay", aka le SIDA. On est donc plongé dans la maladie, la peur mais aussi l'espoir à chaque avancée médicale.
C'est donc une jolie destinée que celle de Bruce, hanté toute sa vie par son amour de jeunesse. Avec délicatesse et poésie, l'auteur nous présente son héros, ses doutes, et le chemin qu'il va prendre pour avancer dans la vie. Mais à travers lui, c'est tout notre monde qu'il dépeint, et il le fait bien.
Le seul bémol, outre que malgré tout, Bruce a quand même la vie "facile", c'est le temps de narration. le présent dans un roman, ça me fait toujours bizarre, et il m'a fallu quelques dizaines de pages pour m'y habituer.
Une fois de plus, la maison d'édition nous propose un texte poétique et touchant, qui, à travers la vie d'un héros ordinaire aborde des thèmes toujours d'actualité. Pour ma part, je suis bien décidée à laisser à ses parutions une étagère dédiée dans ma bibliothèque.
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