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Critique de ODP31


ODP31
24 décembre 2022
God save the chocolate !
Quoi de mieux qu'un roman politique pour s'échauffer avant un réveillon de Noel et préparer les débats de haut niveau qui s'annoncent entre le tonton facho, la belle soeur qui veut sauver le chapon non genré et l'ado à la pensée twitterisée. Autant d'idéologies portées après quelques bulles avec la délicatesse d'un goal argentin.
Jonathan &Coe nous avait déjà fait le coup avec brio dans « le Coeur de l'Angleterre », Brexit désoblige. L'auteur reprend un peu la même construction de son Légo historique. Il découpe son récit à partir de plusieurs évènements, du jour de la Victoire le 8 mai 45, en passant par le couronnement de la reine, avant un crochet par la finale de la coupe du Monde en 66, puis un détour par le mariage arrangé de Charles, pour faire le pont jusqu'aux funérailles de Lady Diana et finir masqué à l'aube de la pandémie.
Spécialiste des petites histoires dans la grande, l'auteur commente ces moments à priori fédérateurs à travers les destins de trois générations d'une famille aussi dysfonctionnelle que le pays, d'où le titre un peu lourdingue mais évocateur du roman. Chacun a ses idées, conservatrices, progressistes, je m'enfoutistes ou opportunistes, et aborde ces moments d'union nationale gonflé de ses convictions. Les liens du sang ne transfusent pas les mêmes idées.
En VO, le roman s'intitule Bournville, du nom d'une bourgade proche de Birmingham, racine de l'arbre généalogique de la family et siège d'une chocolaterie dont la renommée ne tient pas à sa teneur en cacao.
Jonathan Coe excelle toujours dans les dialogues qui sonnent justes, les non-dits assourdissants, les cessez-le-feu fragiles et les sarcasmes entre gens bien élevés.
A travers des personnages très bien construits qui grandissent, s'aiment, meurent mais ne changent pas trop d'avis, il glisse des blessures personnelles comme la perte de sa mère, privée du soutien de ses enfants à cause du Covid dans ses derniers instants ou de souvenirs d'enfance avec l'arrivée de la télévision dans les foyers. Il en profite aussi pour aborder l'ascension de Boris Johnson, l'épouvantail à euros.
Ce récit est une belle tranche d'histoire à hauteur d'homme et à quelques mois près, il n'aurait pas manqué d'ajouter un chapitre pour aborder le retentissement du décès de la Queen « Stabylo ».
Avec son ironie, il n'est pas étonnant que Jonathan Coe soit un des écrivains actuels anglais préféré des français. En tout cas, c'est le mien.
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