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Critique de Ileauxtresors


Birmingham, 1945. L'Angleterre tourne la page de la guerre. Mary a dix ans. Elle ne le sait pas encore, mais toute une vie l'attend. Elle aimera, rêvera, travaillera, fondera une famille, évoluera avec les temps qui changent, mais elle restera Mary…

Jonathan Coe prend ce chemin de vie inspiré par sa mère pour fil conducteur pour raconter l'histoire de l'Angleterre. Plus précisément, il sonde l'identité anglaise avec une sorte de perplexité mêlée tour à tour de sarcasme et d'amusement. Cette finale rocambolesque contre l'Allemagne en 1966, les débordements d'émotion à la mort de Lady Di, la « guerre » ubuesque livrée dans les arènes européennes pour défendre le chocolat Cadbury : chaque épisode est savoureusement choisi et merveilleusement raconté.

Pourtant, il m'a manqué la tension d'un Testament à l'anglaise où l'on voit la catastrophe se profiler à l'horizon ou de l'autre série de Jonathan Coe ancrée à Birmingham (Bienvenue au club et les tomes qui suivent), où l'envie de tirer au clair la disparition d'une jeune femme m'avait fait tourner les pages. Ici, on a plutôt une succession de tableaux bien sentis, mais qui ne composent pas une véritable intrigue.

Je me serais presque prise à regretter la méchanceté qui affleurait dans les livres passés de l'auteur. Heureusement, on croise bien ici ou là un politicien néo-travailliste ou conservateur qui fait office de défouloir !

La chronique familiale est certes prenante. On rit, on pleure, on s'attache aux membres de la famille qu'on finit par avoir l'impression de connaître avec leurs qualités et leurs défauts, leurs caractères si différents. Leur détresse, face au brouillage des repères, à la fragmentation de la société, au monde qui se détraque, est poignante.

La chronique nationale m'a, quant à elle, troublée : ces crispations qui ressurgissent éternellement dans des variations pas si différentes, de la deuxième guerre mondiale au Brexit en passant par les sidérantes publicités pour l'Austin metro (« A British car to beat the world ! »), cette ignorance le vécu des Gallois ou des minorités raciales, ou même cette ferveur un peu ridicule pour James Bond ou les Windsor, soulignent la fragilité de ce qui fait tenir un pays ensemble. Comme tous les nationalismes, celui de l'Angleterre repose sur des fictions, des réflexes peu glorieux.

Mais pour moi, ce royaume désuni restera toujours celui d'une ribambelle d'écrivains sensationnels qui nous font rire, trembler ou réfléchir. le pays de Jonathan Coe.
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
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