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Critique de Bloglitterairedecalliope


« La grande Bretagne avait voté. Elle avait signifié à David Cameron de prendre ses cliques et ses claques. Elle avait exprimé clairement son opinion sur l'Union européenne. Et, ce choix crucial fait, elle ne voulait plus y penser et préférait retourner à ses occupations quotidiennes en laissant la mise en oeuvre à ceux qui étaient traditionnellement chargés de cette besogne: la classe dirigeante."


Le Coeur de l'Angleterre ausculte en une chronique douce amère une décennie de l'histoire du pays à travers des destins individuels, ceux de la famille Trotter. le roman s'ouvre en avril 2010 pour se refermer sur le mois de septembre 2018. Benjamin s'est retiré dans un vieux moulin au bord d'une jolie rivière de l'Angleterre profonde et tente d'écrire l'unique roman de sa vie. Lois, aux prises avec ses démons, cohabite avec un mari pour lequel elle n'a plus de sentiment et leur fille Sophie, universitaire, n'aspire qu'à trouver une relation équilibrée qui peut-être la mènera sur le chemin du bonheur. Autour d'eux gravitent des personnages secondaires: le journaliste Doug qui chronique les évènements politiques, Charlie sous emprise affective, peu doué pour le bonheur. Jonathan Coe nous décrit l'évolution de ces personnages au fil des années avec une bienveillance souvent teintée d'humour. S'il les regarde parfois avec ironie, c'est pour mieux nous montrer les processus de délitement à l'oeuvre au coeur de cette Angleterre profonde. C'est ainsi qu'il nous décrit la montée progressive du populisme et ses dérives qui conduiront à l'issue que l'on connaît, à savoir le Brexit. le regard que l'écrivain porte sur les hommes politiques tels que David Cameron et Boris Johnson est féroce et sans concession.Il montre avec intelligence comment la question du Brexit impacte les vies, les rapports sociaux mais aussi affectifs. le spectre du terrorisme également n'est pas loin. Quant au politiquement correct, il est sérieusement écorné à travers les problèmes sidérants rencontrés par Sophie à l'université.

En définitive, Jonathan Coe porte un regard à la fois critique et nostalgique sur une Angleterre avec laquelle on le sent brouillé mais qu'il aime profondément.


» Ils étaient là, joue contre joue, collés l'un à l'autre, leur étreinte si longue que le pêcheur assis à quelques mètres aurait pu sans peine les prendre pour mari et femme redécouvrant la fougue de leur jeunesse plutôt que pour ce qu'ils étaient, un couple d'amants en train de se dire adieu. »
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