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Critique de le_Bison


Au milieu de nulle part, une ferme isolée dans le veld.
Dans ce désert où la terre est brûlée par un soleil rougeoyant, elle se sent seule, enfermée dans une solitude exacerbée, entourée d'une poussière ocre et chaude. Elle n'est pas vraiment belle, elle ne s'aime guère et elle s'enferme dans un monde fait de rêveries et de fantasmes. Une vie vide.
Elle, c'est la fille du maître, vieille fille acariâtre, vierge et frustrée.
Elle se raconte dans un long et unique monologue, composé de courts chapitres (pour être précis, 266 extraits d'une vie). Elle ouvre son coeur et son âme au lecteur de ce « journal intime », mélange de réalité et de fantasmagorie. Elle se met en scène, s'illusionne tout en dévoilant son propre déchirement à vivre seule dans cette Afrique du Sud, encore sous le signe de l'Apartheid. Seule, parce que personne ne veut la comprendre, surtout pas son père, cet homme autoritaire qui semble totalement l'ignorer et la mépriser, ni même ses serviteurs noir(e)s, esclaves sans chaînes et humiliés. D'ailleurs, ne serait-ce pas elle l'esclave de ce veld sud-africain, abandonnée dans la poussière virevoltante au pied de sa ferme ?
Le jour où elle vit l'impensable, où elle découvrit le pire, la folie s'empara d‘elle. Malaise, désespoir, le réel n'existe plus, les rêves non plus ; seules ces fantasmes survivent et s'interchangent avec de rares moments de lucidité. Cette infamie, cette ignominie qui la plongea dans un univers hallucinant est simplement d'avoir découvert un jour son père nu enlacé autour de cette jeune et magnifique servante noire.

Un récit dur et noir qui vous ouvre le coeur et les tripes. Un long monologue humain et perdu dans un veld sud-africain ocre de poussière. Violence physique, barbarie mentale. La réalité n'a plus de prise sur votre esprit. Vous êtes happé par la chaleur et la moiteur de ce pays. Vous sentez l'odeur de la sueur et de la sècheresse. Vous respirez cet air chaud et étouffant qui étreint votre souffle. Bref, vous êtes « Au coeur de ce pays » avec John Maxwell Coetzee... et vous avez besoin d'étancher cette terrible soif avec un Rooïbos, couleur rouge sang, couleur de cette terre, couleur de cette passion et de cette déchirure. Ce veld, j'y retournerai, sans aucun doute...
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