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Critique de Krout


Etrange livre que celui-ci. Des étiquettes ? Arts martiaux, Aïkido, Zazen, Karma, Esotérisme, Quête, Bouddhisme, Shintoïsme, Spiritualité, Roman ? Réducteur, quel besoin de normer, comme la nécessité d'un talisman pour éloigner l'inconnu. Tentons ceci : porteur de, ou même, porte ouverte au mystère. Mystère dans le sens de réalité insondable. Et là je me raccroche à l'avertissement « La réalité se trouve dans ce partage entre la scène de nos représentations et celle des autres. Croire qu'il existe une seule réalité, c'est se perdre dans son imaginaire. » (p.11)


Livre qui a trouvé son chemin jusqu'à moi, plutôt que l'inverse. Ceci me conduit en des temps pré-babelioniens et ma lecture de la parfaite Lumière d'Eiji Oshikawa récit des exploits du samouraï Miyamoto Musashi dont le résumé de l'éditeur commence ainsi : « Soudain, il vit la vérité : les techniques de l'homme d'épée n'étaient pas son but ; il cherchait une Voie du sabre qui embrassât toute chose. … » Mais à l'époque j'étais resté sur ma fin. Trop violent, trop « picaresque », trop … Bref, envie de prolonger en plus moderne, c'est donc par le biais des sabres invincibles que j'ai été attiré à le noter en pense bête, à le chercher en vain en bibliothèque, à finir par l'acheter.


Dès les premières pages j'ai eu l'impression forte, sorte d'intuition, que ce roman exigeait de me départir de mon style de lecture habituel, rationnel et réflexif pour me laisser porter par le récit d'Alan Vilfort relatant sa relation avec Omori Sensei, son maître en aïkido. Par quelques signes infimes, j'avais décelé une part de merveilleux. Merveilleux au sens littéraire comme dans ces récits du moyen-âge aux exploits inimaginables. Mais alors que pour Don Quichotte -et tant d'autres récits de jeunesse où j'étais devenu proche compagnon de Toutankhamon d'Hans et Gretel, de Robinson des Roches ou de Bader vainqueur du ciel- , j'étais carrément rentré dans le récit, cette proximité me semblait déplacée vu mon ignorance des univers (cf. étiquettes) déjà cités. J'évoluai donc entre ces deux extrêmes, attentif et me laissant porter, m'imbibant comme un buvard.


Heureux étais-je de mon inspiration pour ce détour préalable par La papeterie Tsubaki qui m'avait rapproché du Japon et fait ressentir à travers l'art de la calligraphie toute l'importance de l'apprentissage du geste ancestral. C'est d'ailleurs un très beau passage que cette rencontre d'Alan Vilfort et son amitié avec Yamanaka Sensei maître calligraphe suivant la Voie du pinceau finalement si proche de celle du sabre. Qu'importe lorsque la perfection du geste est telle que simultanément l'esprit est dans le geste et le geste guide l'esprit au point qu'à cet instant corps et esprit ne font qu'un.


Mystère aussi que ces trois étoiles à la moitié du chemin. Ce livre ayant trouvé moyen d'arriver jusqu'à moi, et l'ayant ainsi absorbé, finira bien par une longue décantation à trouver son chemin en moi. Peut-être plus jeune est-on plus perméable et donc le lire vers 12-14 ans ? Ou peut-être la maturité permet-elle de toucher du doigt cette sagesse ? Quand déjà l'on ressent le souffle d'une immense liberté : « Quand on est libre, on ne souffre pas et on ne recherche rien. » p.156 Qui sait ?
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