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Critique de Andromeda06


1) Les Lebensborn étaient des maternités où des femmes donnaient naissance à des enfants dits « parfaits » de race aryenne, selon les critères de l'idéologie nazie. Au total, on estime que 20 000 enfants seraient issus de ces dispositifs.
2) Pendant la Seconde Guerre mondiale, environ 200 000 enfants polonais, ainsi qu'un nombre indéterminé d'enfants d'autres nations, ont été arrachés à leurs foyers et transférés de force en Allemagne nazie à des fins de travail forcé, d'expérimentation médicale et de germanisation.
3) Les Napola étaient des internats de l'enseignement secondaire et étaient destinés à devenir les écoles de l'élite du Reich.
4) À la fin de la guerre, l'Allemagne est dévastée et occupée : elle capitule le 8 mai 1945 après la prise de Berlin par les soldats soviétiques. de nombreuses villes allemandes ont subi des dégâts considérables et Berlin est détruite à 40%.

À travers l'histoire de Max, ou plutôt de Konrad von Kebnersol ainsi baptisé par le Fürher en personne, l'autrice reprend ces quatre aspects de l'histoire de l'Allemagne nazie, de sa toute puissance à son effondrement. Max, ainsi je préfère l'appeler, est le premier bébé issu du programme Lebensborn, né un 20 avril comme le Fürher. Comme un fait exprès, il répond à tous les critères de la race nordique. Il est l'échantillon type de la race supérieure. Avec sa gueule d'ange (blond, yeux bleus, peau très clair et crâne dolichocéphal) et son "draufgängertum", il est le modèle à suivre.

Ainsi, nous suivons cet enfant, endoctriné dès sa naissance, sinon avant. Non pas orphelin, puisque sa mère est l'Allemagne et son père le Fürher. Il est fier de ce qu'il est et on le lui rend bien. Il n'hésite pas à dénoncer les traîtres à sa patrie, collabore du mieux qu'il peut, se donne à fond dans toutes les missions qu'on lui octroie. Il déteste les Juifs et les Tsiganes, comme on le lui a bien appris. À priori, il n'est pas un personnage très attachant, et pourtant je n'ai pas aimé le détester. Mais il évolue, petit à petit, jusqu'à penser quelque peu par lui-même et se poser des questions. Sa relation avec Lukas y sera pour beaucoup et lui ouvrira les yeux... Je n'en dirai pas plus, à vous de le découvrir.

Nous sommes bien évidemment dans une fiction, mais la dimension historique est si bien fournie qu'on pourrait se croire dans une histoire vraie. J'y ai cru en tout cas, j'y étais parmi ces gamins endoctrinés. J'ai suivi leur éducation, emplie de propagande et de haine envers les Juifs. C'est affolant mais je n'ai pas voulu en perdre une miette, d'autant qu'au fur et à mesure que l'Allemagne nazie s'affaiblit, un autre aspect de l'histoire finit par prendre le dessus : le relationnel et l'humain.

La narration étant à la première personne, nous vivons les événements en direct. Nous sommes dans la tête de Max, au plus près de sa conscience et de son état d'esprit. Nous grandissons avec lui, doutons avec lui. On finit par s'en sentir très proche, d'autant que nous l'accompagnons depuis qu'il est dans le ventre de sa génitrice (sa mère pourrait-on dire mais il n'en a plus de souvenirs). Avec lui, on assiste à certaines horreurs dont ont été capables les nazis.

Je n'ai rien appris de plus que ce que je savais déjà, pourtant ce roman est foisonnant de détails historiques. Encore une fois, les mêmes interrogations demeurent : Comment peut-on devenir à ce point inhumain et perpétrer de telles atrocités à ses semblables ? Comment peut-on devenir à ce point haineux et cruel ? Comment a-t-il réussi à ce qu'autant de gens le suivent ? [Mais aussi pourquoi décréter blond aux yeux bleus, grand et élancé comme critères de la race supérieure quand on est soi-même petit aux cheveux et yeux foncés ? Rien qu'avec ses propres caractéristiques, qui ne répond en rien aux critères, comment a-t-il fait pour se rendre crédible ? S'il avait suivi ses propres principes, c'est dans un camp qu'il aurait dû finir...]

"Max" est un livre que je voulais lire depuis longtemps, qui m'attendait bien sagement sur une étagère depuis aussi longtemps, j'ai enfin sauté le pas et je ne regrette qu'une chose, comme bien souvent, c'est de ne pas l'avoir ouvert plus tôt. C'est un roman enrichissant, abouti, très bien documenté, original par le choix de son point de vue (celui d'un enfant né nazi), mais aussi captivant et saisissant, qui ne laisse pas indifférent. Pour ceux qui veulent en savoir plus sur le programme Lebensborn, les Jeunesses hitlériennes et la germanisation, je vous le conseille fortement.

J'ai cru comprendre qu'il avait été maintes fois récompensé, et c'est amplement mérité.
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