"Pour qu'un mensonge soit crédible, j'ai découvert qu'il fallait l'agrémenter de quelques éléments de vérité."
À Auschwitz, on ne travaille pas, on crève. Ou bien on crève à force de travailler.
Je suis l'enfant du futur. L'enfant conçu sans amour. Sans Dieu. Sans loi. Sans rien d'autre que la force et la rage.
Heil Hitler !
Je suis l'enfant du futur. L'enfant conçu sans amour. Sans Dieu. Sans Loi. Sans rien d'autre que la force et la rage.
Heil Hitler !
En calcul, on doit résoudre des problèmes, comme, par exemple : « Pour son anniversaire, la mère de Helmut a commandé un gâteau. Sachant que, pendant la nuit, la pâtisserie est pillée par les Juifs qui volent les trois quarts du gâteau, combien restera-t-il du gâteau pour la fête de Helmut ? »
Pourquoi elle ne dit pas la vérité ? Que le Père Noël, cette année, va être encore plus rouge que d'habitude, rouge bolchevique, rouge sang. Qu'il va débarquer non pas sur un traîneau, mais sur un char, qu'il aura des armes plein sa hotte et qu'il va tirer sur tout ce qui bouge ?
Nos futurs parents adoptifs, des couples formés par des officiers SS et leurs épouses, ont des exigences bien précises : certains veulent un nouveau-né fraîchement débarqué, d'autres un bébé de trois à six mois, qu'il n'est plus nécessaire de nourrir au sein, ceux-ci veulent un garçon, ceux-là une fille. (Heureusement que nous sommes tous grands et blonds aux yeux bleus, cela réduit un peu le champ des critères de choix.)
"Plus je grandis, plus je me rends compte à quel point les adultes sont bizarres, bourrés de contradictions."
Difficile de savoir s'il faut avoir peur de mourir ou se réjouir de combattre. Ou avoir peur de combattre en se réjouissant de mourir.
En d'autres termes, nous, bébés de pure race aryenne, après avoir été conçus avec la plus grande rigueur scientifique, après avoir passé haut la main la sélection à la naissance et échappé à la livraison en tant que "lapins", nous allons être envoyés aux quatre coins de l'Allemagne.