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Critique de Nastie92


1945 : fin de la seconde guerre mondiale en Europe.
La Libération et les scènes de liesses vues et revues dans des documents d'archives.
On pourrait croire la période faste, terriblement heureuse.
Et pourtant...
Les images sont trompeuses ou du moins, elles masquent la réalité.
Beaucoup de gens n'ont plus rien et errent sur les routes.
Beaucoup de Juifs, parmi les survivants de la Shoah, ne peuvent plus rentrer chez eux, parce "chez eux" n'existe plus. Spoliés, volés, ils n'ont plus rien. Leurs maisons sont occupées, ils ne savent plus où aller.
Beaucoup d'enfants, également, se retrouvent démunis, sans famille, sans repères.
Non, cette période n'est pas heureuse pour tout le monde.
C'est même une période barbare : beaucoup de gens meurent de faim et sont prêts à tout pour survivre : voler, piller... et même, tuer.
Les camps de DP (displaced persons : personnes déplacées) ne désemplissent pas, et la vie y est rude.
Dans ce contexte difficile, il y a Josh.
Josh est perdu, il n'a plus de mémoire ou pire, il n'a que des bribes de mémoire. Et le peu dont il se souvient a de quoi le laisser désemparé.
Il ne sait même pas quelle langue il parle. Il sait qu'il a appris l'allemand, mais manifestement sous la contrainte.
Son bras gauche est tatoué, "six chiffres gravés sous la peau, indélébiles" : a-t-il connu les camps ? Est-il juif ?
Son bras droit se tend en avant de façon irrépressible, tout en commandant à sa bouche de crier "Heil Hitler !" : mais que lui a-t-on fait subir ?
C'est terrifiant de ne pas savoir d'où l'on vient, de ne pas savoir ce que l'on a vécu. On a peur. Des autres et de soi-même.
Josh nous confie :
"Quand je vois des soldats américains, mon bras droit me dit que je dois les haïr, les fuir, en avoir peur, malgré leur gentillesse apparente − le chocolat, les bonbons, les sandwichs au jambon − tandis que mon bras gauche me dit le contraire.
Va vers eux ! Ce sont tes libérateurs !"
Le personnage de Josh est plus vrai que nature, et pour cause : Sarah Cohen-Scali s'est inspirée de personnes réelles pour construire son roman. Elle a procédé à un énorme travail de recherches, qui lui a permis d'écrire un ouvrage très réaliste, fondé sur les récits, les témoignages et les divers documents d'archives qu'elle a trouvés.
Josh est très attachant et le lecteur suit sa quête d'identité tout au long d'une histoire parsemée de personnages touchants.
Josh ne pourra avoir un avenir que s'il résout les mystères de son passé. Il veut savoir, tout savoir, mais a peur de ce qu'il pourrait découvrir...
Orphelins 88 est un roman prenant. Dans un contexte historique lourd, le sujet est un sujet douloureux : la quête de ses origines, et au-delà, la quête de soi-même.
Un très bon roman pour adolescents (l'éditeur indique "à partir de 13 ans"). Il y découvriront un aspect méconnu de l'après-guerre, et ce texte ne manquera pas de susciter de nombreuses interrogations.
Merci aux éditions Robert Laffont pour l'envoi de ce livre.
Merci à Babelio pour l'opération Masse critique et l'organisation d'une rencontre avec l'auteur. Rencontre qui fut passionnante grâce à Sarah Cohen-Scali qui a su si bien parler de la genèse de son roman, de ses recherches documentaires et de la façon dont elle a créé les personnages. Merci !
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