AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur La trilogie Sebastian Dun (8)

T'aimer, c'est regarder tes yeux violets, quand une ombre y apparaît.
Commenter  J’apprécie          30
Des hommes en smoking et des femmes en robe longue sortirent de la maison et dansèrent autour de toi, les golfeurs abandonnèrent leurs petites balles, leurs clubs, et s'approchèrent. Les cavaliers continuaient de sauter des barrières, des haies et des fossés remplis d'eau. Un des cavaliers répétait des danses avec son cheval, il chantait à pleins poumons et le cheval, avec ses hennissements, faisait les choeurs.
Commenter  J’apprécie          10
Tu portas ta main à terre et en tira une vipère verdâtre. Tu l'enroulas autour de nos cous et nous nous embrassâmes ; et après nous être embrassés un bon moment tu me dis : « C'est ainsi qu'on s'embrasse dans la forêt. » A cet instant, la vipère essaya de me mordre et je fis un bond en arrière. Je tombai sur une fourmilière géante. Avec un bout de bois, je fis un trait sur la terre noire. Les fourmis marchèrent en ordre en suivant le trait. A mesure qu'elles ingéraient de la verdure, leur poids et leur taille augmentaient. Les pas des fourmis transformaient la forêt en désert. Je continuai de courir avec le bout de bois. La forêt s'acheva, le désert s'ouvrir et derrière moi il y avait également le désert qu'avaient laissé les fourmis. Le soleil ouvrait des crevasses si profondes que la vue se perdait dedans. La poussière se fourrait dans mes yeux. Je la serrai avec les dents, un jet d'eau chaude en gicla. Il ne parvint pas à toucher la terre, car il s'évapora et forma un nuage au-dessus de ma tête ; il plut et les gouttes s'évaporaient avant de toucher terre.
Commenter  J’apprécie          10
La scène était déjà emplie d’hommes sombres à barbe blanche qui se traînaient pesamment avec une canne ; tu n’avais qu’à les toucher de tes doigts fins pour qu’ils se transforment en boys athlétiques courant vêtus de petits pantalons très serrés et un regard te suffisait pour ouvrir une brèche parmi eux. Tous te regardaient. J’étais assis au paradis, presque sous le toit. Le serveur me dit que c’est toi qui lui avais donné l’ordre de m’installer là. Il me dit : « C’est parce qu’elle est la reine de la nuit portègne que nous lui obéissons. Grâce à elle le théâtre se remplit. Si vous voyiez comme l’imprésario est content. » « L’imprésario ? Qui est l’imprésario ? » demandai-je. « Comment ça, qui ? C’est le Léopard. » « Où est-il ? » « Il a son bureau en bas, la première porte à gauche. » Je descendis les marches en courant.
Commenter  J’apprécie          00
J’allais lui dire : « Vous allez voir, je vais me plaindre au concierge », mais à quoi bon, puisqu’elle savait déjà que j’allais le faire. M. Juan était mon confident et moi, j’étais son confident. Nous parlions des heures entières, devant la porte, dans sa loge, au sous-sol, dans la cave, dans la chaufferie. Tous les endroits étaient bons pour parler. Il avait quelque chose de magique. Lorsque se tenaient des réunions du syndic sur la terrasse, il les dirigeait juché sur le réservoir d’eau. Ces jours-là, il revêtait son uniforme violet et sa casquette violette à cordons dorés. Ses yeux aussi étaient violets, et derrière, le ciel, violet et rougeâtre. Depuis sa position, il mettait de l’ordre, les propriétaires se disputaient beaucoup. L’édifice se divisait en trois corps et il y avait toujours des motifs de disputes entre les gens des différents bâtiments : un ascenseur en panne ou une fuite dans la tuyauterie. Lorsque l’un des services ne fonctionnait pas, les copropriétaires ne voulaient pas payer les dépenses. Depuis son poste sur les hauteurs, M. Juan devait mettre de l’ordre. Depuis quelque temps, il était à la fois concierge et administrateur, car son prédécesseur détournait l’argent des charges à son profit et avait installé avec cet argent un élevage de poulets. Ce qu’il m’aura fallu courir dans tout le bâtiment, le registre du syndic en main, à la pêche aux signatures, pour que M. Juan soit élu ! Avec Monica, nous passions d’un appartement à l’autre. Le règlement de la copropriété exigeait une très importante majorité pour tout changement d’administrateur, quatre-vingts pour cent, je crois. M. Juan fut obligé d’en approcher certains avec de l’argent afin de leur soutirer une signature, et d’en punir d’autres en interdisant aux livreurs d’apporter des marchandises à leurs appartements ou en ne leur donnant pas la clé de la terrasse pour y faire sécher leur linge. C’était triste de voir certains copropriétaires se gratter, car les vêtements lorsqu’ils n’ont pas séché au soleil sont pleins de champignons, et les champignons donnent des boutons.
Commenter  J’apprécie          00
Elle me rendait fou, principalement à cause de la lenteur avec laquelle elle exprimait ses idées. En plus, je remarquais avec effroi que son bégaiement était contagieux, que moi aussi je bégayais, et cela me désespérait car j’avais misé toute possibilité d’accomplissement et de succès sur les enregistrements ; j’avais espoir que ces discours que je jetais à toute vitesse sur l’enregistreur me rendraient célèbre. Par exemple : je marchais dans la rue et me demandais : « Que suis-je ? » Immédiatement, je me répondais : « Je suis un parasite, un inutile, un bon à rien, je vis avec ma femme au crochet des autres ; je suis né pour servir de laquais, pour exercer les tâches les plus viles : m’occuper de dames malades, jouer les entremetteurs de plage, faire le photographe extorqueur. Oui, c’est indéniable, je suis un bon à rien et n’ai d’autre remède que vivre d’une subvention que mon beau-frère m’allonge tous les mois. »
Mais lorsque de telles pensées me conduisaient à une prostration totale, tel un flambeau au milieu des ténèbres, l’enregistreur se présentait à moi ; alors l’appareil me rachetait de tout sentiment de culpabilité et je me disais à moi-même : « Tu n’es pas un parasite, tu es simplement un créateur qui parcourt le monde en quête d’expériences, et tous tes échecs, tu les a cherchés avec intelligence et préméditation pour les coucher ensuite sur bande magnétique. »
Mais le bégaiement d’Eugenia annulait ma seule possibilité de succès, je voyais mon vertigineux cerveau devenir chaque jour plus lent, il me fallait alors boire du whismaté pour lui redonner de l’élan. Je préparais un mélange de whisky et de maté que je passais au mixeur avant de le boire glacé avec une paille. Le whismaté me rendait hypersensible, me permettant de m’immerger en profondeur dans les grandes questions de la vie.
Commenter  J’apprécie          00
Nous louâmes un appartement meublé d’une seule pièce, une petite pièce. Ma vie se réduisit à écouter les pleurs d’Eugenia, qui ne s’habituait pas à vivre dans la pauvreté. Nous achetions des plats tout prêts. Eugenia ne cuisina qu’une seule fois et les tagliatelles restèrent définitivement collées à la casserole.
Je ne pouvais pas trouver de travail. Invariablement, on me demandait : « Que savez-vous faire ? » C’était la question sans issue. Venaient ensuite l’éternelle grimace et la fameuse phrase : « Je suis désolé, mais nous cherchons des gens avec de l’expérience. » Je retournais à l’appartement écouter les pleurs d’Eugenia.
Nous passâmes trois mois de la sorte. Un jour, Eugenia me dit que ses parents souhaitaient nous voir vivre avec eux et que le père allait me donner du travail. Le soir même, nous nous rendîmes à la maison de sa famille. Tandis que nous mangions, mon beau-père me dit : « Demain, allez voir mon fils Daniel, vous pourrez ainsi vous mettre d’accord sur le travail que vous exercerez et », souligna-t-il en riant, « sur votre salaire également ».
Commenter  J’apprécie          00
Ici, je me mets à enregistrer. La cour est petite, vingt mètres sur vingt mètres. Nous devons tous faire quelque chose. Si on est occupés, on nous réduit la peine pour bonne conduite, c’est pour ça que certains de mes compagnons tissent des paniers en osier, d’autres font des bonshommes en pâte à modeler, d’autres peignent. Moi, j’enregistre et accumule les bandes. On passe la journée entière ici. Le soir, on entre dans l’enceinte. Je dors dans l’enceinte avec les autres prisonniers ; je dors comme on dort ici, avec des interruptions, car la nuit de petits rires isolés se font entendre, ensuite commencent les éclats de rire, qui se généralisent. Un bruit de couverture de temps en temps et des ombres qui se glissent furtivement entre les lits… On est farceurs, mais personne ne nous dit rien, car on est prisonniers. La nuit, une barre de fer est posée sur la porte de l’extérieur et un gardien se poste en face.
Commenter  J’apprécie          00


    Acheter ce livre sur
    Fnac
    Amazon
    Decitre
    Cultura
    Rakuten

    Lecteurs (13) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Quiz - Claude Gueux

    En quelle année a été publié " Claude Gueux " ?

    1859
    1903
    1834

    14 questions
    1052 lecteurs ont répondu
    Créer un quiz sur ce livre

    {* *}