AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de sylviedoc


Sandrine Collette et moi, c'est déjà une longue histoire, presqu'une histoire d'amour avec beaucoup de hauts et de rares bas. Enfin j'ai réussi à mettre la main sur son premier roman, et franchement, si je ne l'avais pas su, jamais je n'aurais pensé qu'elle débutait dans l'exercice. Ce roman contient déjà tout ce que j'aime quand je la lis, la noirceur, l'efficacité, le style sans fioritures mais diablement efficace, les personnages tourmentés ou pour certains juste atroces, et l'histoire tellement addictive qu'on ne peut tout simplement pas s'arrêter entre deux chapitres.

Théo a la quarantaine, il sort de prison où il a pugé 19 mois pour violences envers son frère. D'ailleurs la première personne qu'il va voir, ce n'est pas sa femme, mais ce fameux frangin qu'il a complètement démoli et qui est désormais réduit à l'état de plante verte. Il n'aurait pas dû... Malgré l'interdiction d'approcher sa victime, il n'a pas pu résister. Mais ensuite il se tape un gros flip, et s'il allait devoir retourner en cabane parce qu'il a enfreint la mesure ? Alors il prend le large, au hasard, jusqu'à se retrouver dans la pension de famille de Mme Mignon. Une bien brave dame, qui ira jusqu'à lui indiquer les bons coins où se balader.

Je vous touche un tout petit mot du début quand même : c'est un médecin qui parle : "Vraiment ce type-là je n'avais pas envie de le sauver. Mais c'est oublier que c'est moi qui ai recueilli ce corps entre mes mains, après..." Ce corps dont il parle, c'est celui de Théo, enfin ce qu'il en reste après être resté esclave de deux vieux fous pendant plus d'un an.

Sandrine Collette a un vrai don pour brosser des portraits de personnages hyper-glauques et d'atmosphères oppressantes jusqu'à ce qu'on ait l'impression d'étouffer soi-même. Mais ses protagonistes ne sont pas pour autant totalement simplistes, même si la fratrie Mignon est quand même bien dégénérée ! Théo, qui est un être brutal et sanguin, va avoir tout le temps de revenir sur son passé et son complexe vis-à-vis de son frère aîné, de s'interroger sur ses comportements passés. Il y a également une fine réflexion sur le mécanisme du syndrome de Stockhom, même s'il n'est pas nommé. Comment peut-on en arriver à éprouver de la reconnaissance pour ses bourreaux ? Et comment l'instinct de survie peut-il amener à faire à peu près n'importe quoi ?

La manipulation joue un rôle essentiel dans ce livre, et même si la situation peut sembler à priori incroyable, elle est amenée si judicieusement que le lecteur ne peut qu'y croire. En tout cas, à aucun moment je ne me suis dit : non, elle exagère là ! J'avais beau savoir dès le début comment se terminait l'histoire, j'étais complètement suspendue à chaque nouvel épisode. Je n'ai pas lu à la bougie comme Nicola, mais à la frontale sous ma couette, pour ne pas réveiller Cher et Tendre qui dormait innocemment à côté sans se douter un instant des affres que je traversais, enfermée aux côtés de Théo (et de Luc, son compagnon d'infortune).

J'aurais pu mettre cinq étoiles, parce qu'en toute franchise, je n'ai pas de points négatifs à souligner, mais je suis devenue très très difficile et ne les octroie plus qu'aux livres que j'ai trouvés exceptionnels. Ici en fait, tout m'a plu, mais l'histoire en elle-même n'est pas très originale, même si Sandrine Collette y a incontestablement mis sa patte bien particulière. Je recommande sans réserve, que vous connaissiez déjà l'auteure ou non, si vous aimez les thrillers bien noirs et les huis clos, n'hésitez pas !

Commenter  J’apprécie          7052



Ont apprécié cette critique (70)voir plus




{* *}