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Critique de dannso


Ce roman est considéré comme le précurseur des romans policiers, et il est vrai que l'énigme va se maintenir sur la quasi-totalité du roman, malgré des éclaircissements temporaires, qui finalement embrouillent encore plus la situation. Mais, aucune inquiétude, toutes les interrogations seront bien répondues, avant la fin de l'ouvrage.

Ce roman a été publié sous forme de feuilleton en 1868, obligeant les lecteurs à attendre patiemment la suite. J'avais choisi de l'écouter, et j'ai ainsi recréé un peu les conditions de découverte de ces premiers lecteurs, puisque cette écoute, limitée à mes sorties pédestres en solitaire, m'a pris plus d'un mois. Quasiment vingt heures d'écoute, qui ne m'ont pas découragée et une atmosphère so british que je retrouvais avec beaucoup de plaisir, malgré le caractère un peu suranné de certaines considérations. Et suranné est parfois un terme faible : ardentes féministes, passez votre chemin. Certaines opinions sur les femmes (celles de l'auteur, je ne sais pas, celles de certains de ses personnages en tout cas), sont heureusement très dépassées, dans nos sociétés occidentales pour le moins. Je veux en tout cas le croire. Jugez plutôt :
« Mais j'ai pour principe que les hommes, créatures supérieures, doivent laisser aux femmes leur chance de se fortifier l'esprit. Aussi quand une femme - ma fille ou une autre peu importe ! - attend quelque chose de moi, j'exige toujours de savoir pourquoi. Plus vous les forcerez à penser et à fouiller leur cerveau afin d'y trouver des explications, plus elles seront faciles à conduire dans l'existence quotidienne. Ce n'est pas leur faute, les pauvres, si elles agissent d'abord et réfléchissent ensuite ; c'est la faute des idiots qui leur passent tous leurs caprices »

La Pierre de Lune est un diamant volé en Inde, pour le plus grand malheur de ceux qui s'en sont emparés. Et le fautif pour se venger de sa soeur va le léguer à sa nièce Rachel pour son anniversaire.
Le diamant disparaitra la nuit qui suivra. Et le roman nous raconte l'enquête, dans les jours qui suivent le vol, puis les différents évènements qui vont finalement résoudre l'énigme un an après.

L'histoire va être relatée par les différents protagonistes du drame, chacun ne devant raconter que les évènements auxquels il a assisté. C'est l'occasion pour l'auteur de nous dresser des portraits savoureux de différents personnages et d'épingler au passage les travers de la bonne société d'alors. Bigoterie, importance du paraitre, hypocrisie dans les relations, notamment entre hommes et femmes, refus d'accorder à celles-ci la moindre importance, tout cela avec une ironie parfois mordante et beaucoup de cet humour british que j'adore.

Je retiendrai dans mes favoris Gabriel Betteredge, majordome de la famille de Rachel, la jeune femme recevant le diamant, qui m'a fait penser par moments dans son désir d'être conforme à ce qu'exige sa situation au majordome de « Les vestiges du jour ». Son récit m'a fait sourire bien des fois, et j'ai aimé sa sagesse, issue en grande partie de Robinson Crusoé. Ce livre est sa bible et il l'ouvre au hasard à chaque fois qu'il a besoin d'un conseil, adaptant à sa propre situation les premières lignes qu'il y lit.
Il y a aussi Miss Clark, parente pauvre, bigote fanatique, semant partout ses livres pieux, dans le but de ramener dans le droit chemin ceux qui s'égarent.
J'ai aimé aussi le personnage d'Isra Jennings, métis, rejeté par la bonne société, en raison de son apparence, de son teint trop foncé. Il sera à l'origine de la résolution de l'énigme. Il a été mis au ban de la société pour une action que l'on ignore et sera poursuivi par la calomnie tout au long de sa vie. Et comme l'auteur du livre, l'opium lui permet de supporter ses souffrances.

Un texte magnifiquement dit par Simon Jeannin. Il a su s'adapter à chacun des intervenants et ses intonations parfaitement en adéquation avec le récit évitent tout ennui. Un tour de force pour une écoute aussi longue.
Merci à NetGalley et aux éditions VOolume
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