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Critique de DOMS


Dans « Ce qui nous sépare » Anne Collongues imagine des vies dans ce RER qui chaque soir traverse la banlieue parisienne. Des vies qui se croisent et se percutent sans se parler, sans se toucher, alors qu'il leur manquerait juste une étincelle d'humanité pour se rencontrer…
Bien sûr, à la lecture des premières lignes de ce premier roman, j'ai pensé à celui de Pierre Charras « Dix-neuf secondes » qui décrit ces rencontres, ces instants de vie avec tellement d'acuité et de réalisme que lorsqu'on qu'on l'a lu et qu'on prend le RER pendant des heures chaque jour, on ne regarde plus jamais autour de soi de la même façon.
Dans le wagon, il y a Marie, jeune maman, elle ne supporte plus les pleurs de son bébé, elle aime Gaétan plus que tout mais semble anéantie face à ce quotidien tellement éloigné de ses rêves d'adolescente. Il y a Cigarette, elle n'a pas su saisir sa chance et partir au loin avec celui qu'elle a aimé un jour, il y a si longtemps, depuis elle aide ses parents à tenir le bar PMU, parce qu'elle ne sait pas dire non, parce qu'elle ne rêve pas d'un ailleurs à conquérir. Il y a Cherif, il a su saisir l'occasion et le job qu'on lui a proposé pour se sortir de la cité, celle où pourtant règne une forme de solidarité. Il y a Liad, il arrive d'Israël et rêve d'une autre vie, sans fusils et sans armes. Il y a Alain, lui vient d'arriver à Paris et sort d'un tunnel affectif mais va retrouver celle qui lui redonnera l'espoir. Il y a Franck, il rejoint son pavillon, là, il se sent incompris, mal aimé, isolé.
En fait, dans ce wagon, des solitudes, des espoirs déçus, des attentes se croisent sans jamais se rencontrer, silence, peur de l'autre, de ce qu'on imagine ou qu'il projette mais qu'il n'est pas forcément, et qui nous laisse seul avec nos doutes, nos interrogations, nos solitudes. Des destins se forment, se décident, s'interrompent, face à la ville et au paysage qui défile, au quai tellement vide même quand il est peuplé de voyageurs qui attendent, face à la nuit qui défile à la fenêtre. Et le lecteur de se dire, et si ? Et si quelqu'un avait parlé, si les lèvres s'étaient entrouvertes, si un sourire s'était esquissé, si seulement un regard avait effleuré, si les mots s'étaient échappés, auraient ils suffit pour changer un destin ?
Voilà un beau premier roman, porté par une superbe écriture toute en finesse et en détails, Anne Collongues explore des sentiments et dévoile des décors, des mouvements, montées, descentes, sonneries stridentes, démarrages, et silences, tous très visuels, comme dans un film qui se déroulerait là, sous nos yeux.
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