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Citations sur Ce soir on soupe chez Pétrone (1)

Ne voulant pas en rester là, je demandai à Pétrone : « Mais l'homme ? Oui, l'homme Sénèque ? Je ne parle pas de l'artiste, mais de l'homme dans son particulier. Qu'était-il au fond ? » La réponse claqua : « Un parfait salaud !... » Il fit une pause comme s'il eût voulu réfléchir, chercher à nuancer son jugement. Au bout d'un moment, il ajouta : « Au fond, ni plus ni moins salaud que Caton son modèle qui, au temps de la République, céda sa femme Marcia à son ami Hortensius, le grand orateur, pour l'épouser à nouveau à la mort de ce dernier quand elle eut palpé le pactole. Un joli coco aussi, celui-là. - Mais sa condamnation était-elle vraiment fondée ?... - Parfaitement fondée... - Pourquoi ? - Parce qu'elle était injuste et rien n'est plus encourageant que l'injustice... C'était un optimiste et je n'aime pas les optimistes... Il s'est amusé avec les idées ; il a enseigné l'analyse sans imaginer que l'intelligence mène au doute, au découragement, à l'impossibilité de se satisfaire de quoi que ce soit... »

Ces paroles brutales, dépourvues d'espoir, tombèrent comme un couperet. Je crois bien me souvenir aujourd'hui que dans mon désarroi je lui demandai : « Mais alors que faire ?... - Vivre au jour le jour. Maquereautage. Parasitisme... Voilà... A la godille... »

J'admirais Pétrone pour sa liberté de faire une œuvre du quotidien, de l'anecdotique glané d'une multitude de petites découvertes et d'aubaines individuelles ; pour son esprit original et fantaisiste aussi, son charme amer ; pour son insolence car ce délicat de cour, sous les dehors d'un voluptueux du désenchantement, perçait toutes les hypocrisies et les conventions de son milieu, ne se ménageant pas lui-même.

Un soir, chez Néron, lors d'un souper, Ménécrate, son diseur favori, ayant fini de réciter une des pièces en vers de Pétrone, tous les convives surenchérirent de compliments : « Ah ! Cher Pétrone, tes vers enfoncent ceux de Virgile... » Il n'avait pas fallu le pousser pour qu'il rétorque, avec cette ironie décapante qui lui était propre : « Virgile, mais certainement !... Mais un Virgile pour Géorgiques de latrines. »
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