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Critique de jovidalens


Silence et bouches closes.
Les lèvres ne s'écartent que pour laisser passer la vie : celle qui s'enfuit par un flux de sang pour celui qui est blessé à mort, par un oiseau de feu pour les initiés (symbole de la préciosité de la parole ?)
Quand il y a parole, très peu de mots : l'essentiel, mais qui ne manque pas de sel.
Les dix premières pages sont muettes. Intriguée, un peu surprise, j'ai compté 206 fenêtres muettes sur les quelques 330 que compte l'ouvrage.
Il n'y a pas à dire, M. Comes est un grand taiseux.

C'était, il y a très longtemps, dans un Canada qui n'en avait pas le nom, du temps où le peuple qui l'habitait étaient des indiens.
Une jeune fille n'ayant plus d'ombre, a été rejetée par son clan, et demande l'aide d'un jeune chamade, lui aussi exclu. Et ce sera leur périple au travers d'un pays couvert de neige immaculée avec les grottes sombres pour abri, et la lumière du jour et l'éclat des flammes, même la toute miniscule flamme d'une bougie. Il y le rythme de la marche, celles de la fuite et du combat ; on voit le vent qui balaie les feuilles et les flocons, mais on n'entend pas le pas du tigre qui veille.
Bien sûr, ils reprendront leurs vies en main et leurs lendemains auront l'éclat de la neige et la force sereine du tigre.

Qu'importe les noms triviaux des personnages "Fendu en deux", "Petite Pisse Partout" et "Petite Merde", l'élégance et fa finesse sont partout. Partis à la recherche de l'ombre, à travers leurs échanges c'est une humanité drôle et sans chichis, capable de vaincre toutes les épreuves.

Quel chemin depuis ses premièrs BD aux couleurs ternes. Il épure, épure encore. L'influence d'Hugo Pratt est patente, mais Didier Comès sublime son trait, et construit une de ses plus belles BD.

Très riches BD qui aborde les grand thèmes de Didier Comès. Mais malgré la violence des hommes, la nature y apparaît plus calme, plus indifférente aux hommes et totalement sublimée.
La part d'ombre de chacun est indispensable à son humanité et, parfois apporte des surprises, comme la dernière fenêtre qui met un terme malicieux à ce merveilleux récit.

Un merveilleux apaisé.
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