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Critique de michelangelo


Dès les premières lignes, on se retrouve plongé dans une ambiance faite de désespoir, de cynisme et d'amour… Stéphane raconte sa vie passée, sa mère alcoolique et son père inconnu, l'école qui le rejette et en fait un cancre. le manque d'amis, puis la découverte des boulots faciles, comme devenir homme de main de Gilbert, magouilleur en vins et spiritueux, adepte des dessous de table et des fraudes en tous genres. Alors Stéphane se construit une notoriété au village, d'autant qu'il habite le château en échange de menus travaux…
Mais ce nouveau départ cache mal la méfiance et l'antipathie dont il est victime jusqu'au jour où il rencontre la belle et charmante Norah qui a quitté l'Allemagne, son pays d'origine, pour s'installer en France. C'est le coup de foudre réciproque, le début d'un grand amour qui devrait durer toute la vie.
C'est oublier un peu vite le destin maléfique qui cette fois prend la forme d'une photo que Stéphane n'aurait jamais dû voir… Alors débute une terrible descente aux enfers pour celui qui se croyait enfin reconnu de tous et aimé pour ce qu'il est par la plus délicieuse femme qu'on puisse espérer.
La construction narrative d'Hervé Commère comme à son habitude est implacable, tirée au cordeau. Au fil des évènements, on découvre un couple en souffrance, incapable de se réunir face à l'adversité. Comment peut-on accepter d'être aimé par défaut, à la place d'un autre, pour un autre ? Tout est ambiguïté, désarroi, non-dits pour Stéphane qui sombre doucement. de ce point de vue, Stéphane ressemble à l'Etranger de Camus. La comparaison est osée mais je la risque.
Hervé Commère est expert en sentiments humains. Il le montre de façon flagrante. Ses deux amoureux ne peuvent nous laisser indifférent et attirent notre compassion. Pas d'outrance ou de mélo alors même que le propos aurait pu y mener. Deux vies, juste deux vies en bagarre contre le monde et contre elles-mêmes ! Quant au style, il vous prend à la gorge pour ne plus vous lâcher avant la dernière page. Les phrases sont souvent cinglantes, brèves et pourtant lourdes de conséquence. Son roman n'est pas un thriller au sens propre. C'est un grand moment de vie intense et bouleversant qui vous laisse un goût amer et vénéneux mais qui provoque en vous l'extrême satisfaction d'avoir lu un petit chef-d'oeuvre.
J'ai eu le plaisir de rencontrer deux fois Hervé Commère et j'apprécie beaucoup sa personnalité faite de sincérité, de modestie et d'écoute. Je pense, et je ne suis pas le seul, qu'il représente une nouvelle vague d'écrivains qui bousculent les genres pour réinventer l'écriture. Déjà plusieurs fois récompensé, il possède la stature d'un Pierre Lemaitre et peut, pourquoi pas, décrocher un jour le prix Goncourt !

Michelangelo 2014

Lien : http://jaimelireetecrire.ove..
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