AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Le deuxième homme (29)

" J'ai écarquillé les yeux sur une photo qui a changé ma vie. Sans cette photo, je n'aurais pas passé des nuits entières à fixer le plafond dans le noir en croyant y distinguer mon visage dans les flammes. Je n'aurais jamais voulu empoisonner personne. Je n'aurais pas serré la femme que j'aimais dans mes bras en me disant que c'était la dernière fois. Je n'aurais pas roulé à 240 km/h en éteignant soudain mes phares. Sans cette photo, rien n'aurait changé."
Commenter  J’apprécie          110
Je vais te raconter les faits, juste les faits, noir sur blanc contre tes pupilles.
Commenter  J’apprécie          80
Aujourd'hui je suis moi. C'est pour te dire ça que je t'écris.
J'ai compris que la vie ne servait qu'à ça, qu'à préparer cet instant-là, le dernier, toute la vie ne sert qu'à préparer sa sortie, à permettre de partir en paix, de combler les failles avec lesquelles on naît, puis d'être enfin serein au moment de mourir. Faire le ménage avant le grand saut. Et vivre ses derniers instants en ayant le sentiment d'avoir bouclé la boucle, d'être prêt, d'avoir aplani l'horizon, les creux, les bosses et les complexes.
Entièrement.
Commenter  J’apprécie          40
On rigole. Nous sommes bourrés, même si nous sommes encore droits et durs. Je lui réponds ça sans y penser et je sors, sans savoir que je viens de lui dire quelque chose d’essentiel et que ma vie va changer, que mes vingt-huit ans d’incertitude et de doute vont bientôt fondre et prendre fin. Je n’imagine pas que, d’ici quelques minutes ou peut-être un peu plus, les questions vont cesser. Tout ce chemin jusqu’à tout de suite, là, l’instant crucial, le point de chute qui justifie la course. L’équilibre.
Commenter  J’apprécie          10
Je défroisse un billet sur le bar, le petit serveur accourt et je passe au cognac, quatre, pour mes amis et moi. Les gars rigolent. Pas moi. Il s’exécute aussitôt. Il nous sert bien, sans que je le quitte des yeux. Je finis en lui laissant la monnaie. On trinque.
Je prends une nouvelle cigarette à bout doré et m’apprête à ressortir.
— Et pourquoi tu fumes toujours dehors ? me demande Samy.
Je me souviens. Je me souviens très bien, je suis sûr de ces deux phrases : « Pourquoi tu fumes toujours dehors ? », et ma réponse : « Parce que c’est là qu’on fait des rencontres » ; je ne sais pas pourquoi je lui ai dit ça.
— Pourquoi tu fumes toujours dehors ?
— Parce que c’est là qu’on fait des rencontres.
Commenter  J’apprécie          10
J’ai désigné sa berline d’un mouvement de menton.
— Elle vient du Luxembourg, non ?
Dans un coin de mon regard, je l’ai vu hésiter, déjà un peu moins à l’aise. Dans l’autre, j’ai vu Gilbert me sourire.
— La couleur, j’ai repris. Bordeaux métallisé. C’est pas une couleur française, ça.
Le jeune type s’est aussitôt lancé dans des explications dont on n’avait rien à faire, justifiant ci et ça, les délais, les options, cavalant pour continuer de se faire passer pour un gars plein aux as alors qu’il était juste comme nous, à vouloir trouver le bon filon. Des trucs comme ça, pour percer d’un coup les mecs à jour ou comprendre en trois secondes ce qui se trame depuis des mois, Gilbert m’en a appris plein. Il appelle ça le dessous des cartes.
Commenter  J’apprécie          10
Je ne sais plus de quoi nous parlons. Sans doute pas de l’affaire que nous avons clôturée l’après-midi même. Peut-être simplement de l’établissement dans lequel nous nous trouvons ? Non, nous devons parler des femmes. Sans doute. Les femmes. Notre sujet de discussion favori. Samy doit nous dire qu’il a les plus belles, le barman écoute et ça nous fait rire, quelque chose comme ça. Poisson raconte le dernier SMS envoyé par sa maîtresse. Je regarde Gilbert, qui parle moins et nous couve en souriant. Il guette alentour. Gilbert a plus de trente ans de métier, pourtant il n’a pas varié d’un pouce, jamais. Il est calme mais ferme, et ce, en toutes circonstances. Et puis quelle classe. Son petit accent du Sud en prime. C’est le chef. Il a des formules ou des astuces qui rendent parfois le quotidien limpide quand je ne distingue rien du tout. La dernière fois que lui et moi avons marché côte à côte, par exemple, quand on a vu le type avec lequel nous avions rendez-vous sortir d’une Audi magnifique, il m’a dit tout bas qu’elle était sûrement importée. Je n’ai rien répondu, faute de bien comprendre. Le type s’est retourné vers nous, nous a tendu la main, tout sourire et bien fier, et j’ai compris d’un coup.
Commenter  J’apprécie          10
Je retrouve ceux que j’appelle mes associés au comptoir. Nous en sommes à notre quatrième bouteille de champagne, chacun la sienne. J’ai forcément payé la première. Le barman nous soigne. Nous le tutoyons mais il nous dit « vous ».
Commenter  J’apprécie          10
Je suis à l’aise dans mon costume et j’ai des billets froissés dans la poche. Ma cigarette à bout doré touche à sa fin, je la jette aux gravillons. Je pivote doucement sur la pointe de mes pieds pour retourner vers le bar.
Avant d’entrer dans la salle, je me place dans l’encadrement de la porte, certainement dans l’indifférence générale mais je fais toujours ça : je me pose. Bomber le torse. Cela changera par la suite, mais nous sommes en 1999 et j’ai vingt-huit ans, je suis sûr de moi.
Commenter  J’apprécie          10
Je fume de la main droite, l’autre au fond de ma poche, le pan de ma veste relevé. Je souffle ma fumée vers le ciel et la nuit parisienne. C’est extrêmement bon d’être ici. D’être un fils de rien pourtant partout chez lui. C’est extrêmement bon, se sentir au-dessus, regarder de haut les obstacles. Avoir l’impression d’être hors d’atteinte. C’est extrêmement bon parce qu’une très belle brune m’observe, je la vois sur ma gauche. Elle est la cerise sur le gâteau. Si elle savait d’où je viens, elle ne me verrait même pas. Mais elle me regarde encore. Si elle savait que j’ai grandi au fond de la classe, où l’on mettait les gamins sales et les manouches de passage. Je suis un bâtard né de père inconnu et d’une mère alcoolique, qui fut soi-disant belle.
Commenter  J’apprécie          10






    Lecteurs (166) Voir plus



    Quiz Voir plus

    SAUF

    Comment s'appelle l'assistante de Mat ?

    Mylady
    Lady
    Marie
    Mylene

    5 questions
    1 lecteurs ont répondu
    Thème : Sauf de Hervé CommèreCréer un quiz sur ce livre

    {* *}