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Critique de Chouchane


Quand il écrit ce livre, Marcel Conche a presque 92 ans. Il peut donc se permettre de parcourir ses souvenirs et de les commenter. Né en Corrèze au sein d'une famille paysanne, il perd très tôt sa mère et va vivre avec sa grand-mère "Maman Marie" et ses deux tante Alice et Gabrielle. Élève doué, il va (malgré la guerre) devenir agrégé et docteur en philosophie. Son oeuvre abondante est multiforme : ouvrages de philosophie, d'histoire de la philosophie, traductions des philosophes grecs (notamment d'Epicure dont il est un spécialiste), essais, réflexions, analyses , articles de presse...
Épicure en Corrèze (qui n'est pas son dernier ouvrage !) relèverait davantage de l'autobiographie. Bien qu'il se défende d'en avoir choisi le titre - ne pensant pas devoir se comparer à ce philosophe qu'il révère comme un maître - Marcel Conche a adopté un style de vie frugal, proche de la nature tel que l'enseigna Épicure.

La vie quotidienne du petit Marcel est celle d'un enfant de paysan : surveillance des vaches, arrachage des pommes de terre, récolte des noix et ... lecture "en cachette". Car dans une famille de cultivateur, lire ce n'est pas travailler. de cette enfance paysanne Marcel conservera outre l'amour de la Nature, "l'humilité de la condition de paysan". Dans son école de village, il apprend peu de choses mais quand il découvre le lycée c'est la révélation. A tel point qu'en première, il énonce à propos de son professeur de français "au bout de quelques temps, j'ai senti qu'elle avait été créée pour moi", elle a quinze ans de plus de que lui et deviendra son épouse et la mère de son fils. Ce couple singulier et complice ne partage pourtant pas les mêmes convictions, lui est un athée convaincu, elle, une catholique pratiquante. C'est une des première femme agrégée de littérature et il appréciera toujours ses conseils de lecture et son avis. Plus tard, à un âge ou l'on attend pas ce genre de chose, il rencontrera Émilie. Elle a 30 ans, lui 86 et elle l'invite en Corse pour qu'il lui apprenne le grec. Mais il n'y a pas que les philosophes et l'amour, la guerre de 40 laissera aussi des traces profondes dans les souvenirs de Marcel. S'il évite le front grâce à ses études, il perd des amis et découvre le mal absolu de cette guerre. Pour ces raisons, il conservera une culpabilité de survivant . Il évoque assez brièvement son attrait pour le Parti communiste mais n'oublie pas ses voyages en Grèce. La quête de l'ami idéal semble être une préoccupation sincère mais sans vrai résultat.

Le récit de sa vie entre mêle presque à un même niveau ses professeurs, amis, collègues... et Sophocle, Montaigne, Malebranche, Kant ... Comme si au fil des années, les vivants, les morts, les contemporains et tous les autres finissaient par former une grande famille chaleureuse hébergée dans l'âme et la maison de Marcel.
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