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Critique de Dridjo


Les biographies, ce n'est pas mon truc. Moi, je suis un lecteur de roman. En général, je ne lis les biographies qu'avec beaucoup de réticence. Pourquoi ? Parce que trop souvent nombrils des auteurs, trop souvent miroirs aux égos et, au final, trop rarement d'un réel intérêt artistique.
Le livre est art quand il nous transporte, soit pas la façon dont il nous conte une histoire, soit de par l'histoire même qui nous est contée. Les biographies, à mon goût, rentrent trop rarement dans la catégorie art. hormis le fait de trahir totalement l'esprit Wildien – d'Oscar Wilde – qui veut que seul l'art comptât et non l'artiste, il ne sert – souvent – qu'à draguer le voyeur qui est en nous sous le fallacieux prétexte de découvrir un homme – dit – grand, une star – vendue comme – unique ou un parcours – considéré comme – extraordinaire. Hélas, 3 fois hélas, cent fois hélas, ces textes que les as du marketing nous fourguent en titillant notre sensiblerie se révèle très rarement transcendants. Ils ne servent – en général – qu'à confirmer les afficionados dans leur penchant pour le personnage, laissant froid ceux qui, il n'y a pas d'autres mots, s'en foutent comme de leur premier slip kangourou.

Ce livre ne rentre pas dans ce cadre. Ma diatribe d'introduction ne sert en fait qu'à affirmer cela ; cette autobiographie de Maryse Condé n'est absolument pas un de ces auto-bravos dont je parlais plus haut. Ce petit récit (154 pages) se veut, pour le lecteur, une boussole qui, sans détour, sans concession aucune, nous montre les chemins par lesquels une enfant, benjamine d'une fratrie de 10, s'est construite, a construit sa personnalité pour devenir une écrivaine et activiste de talent.

L'enfant Maryse, naît par accident d'un père sexagénaire au corps, déjà, fourbi d'arthrose et d'une mère quadragénaire que la ménopause semble avoir oubliée – "Passé la honte d'avoir été prise, à son âge respectable, en flagrant délit d'oeuvre de chair, ma mère ressentit une grande joie de son état. de l'orgueil même. L'arbre de son corps n'était pas flétri, desséché. Il pouvait encore porter des fruits. " – Elle est le bâton de vieillesse fustigé par les aînés parce que vu comme étant trop gâtée, trop choyée et totalement emmurée dans l'amour protectrice d'une mère castratrice.

"Ma mère attendait trop de moi. J'étais perpétuellement sommée de me montrer partout et en tout la meilleure. En conséquence, je vivais dans la peur de la décevoir. Ma terreur était d'entendre ce jugement sans appel que, bien souvent, elle portait sur moi
- Tu ne feras jamais rien de bon de ta vie !"

La petite fille se construit à l'ombre de cette mère potomitan qui semble se venger constamment d'un historique familiale douloureux – "sous ses abords flamboyants, j'imagine que sa mère avait peur de la vie, jument sans licou qui avait tellement malmené sa mère et sa grand-mère. Un inconnu avait violenté Elodie dont quinze ans plus tôt un usinier marie-galantais avait violenté la mère. Toutes les deux avaient été abandonnées avec leur montagne de la vérité et leurs deux yeux pour pleurer."– avec la rage de ceux qui veulent s'inventer un présent glorieux. Maryse Condé ne fait aucune concession à ses parents, à ses frères et soeurs, à sa famille.

Sa mère, qu'elle dépeint comme un personnage particulièrement antipathique, dure et complexé est le point focal de sa rébellion, de son refus de "devenir comme elle", une institutrice de la nouvelle bourgeoisie guadeloupéenne des années 50, dure et capable du pire acte d'égoïsme avec la main gauche pendant que la droite fait preuve, avec fanfares et tambours, de grande générosité.

(Suite sur http://www.loumeto.com/spip.php?article346)
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