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Citations sur Le coeur à rire et à pleurer (15)

Indifférent comme à son habitude, mon père n'avait pas de préférence. Ma mère, elle désirait une fille. La famille comptait déjà trois filles et quatre garçons. Cela égaliserait les camps. Passé la honte d'avoir été prise, à son âge respectable, en flagrant délit d'œuvre de chair, ma mère ressentit une grande joie de son état. De l'orgueil même. L'arbre de son corps n'était pas flétri, desséché. Il pouvait encore porter des fruits.
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"j’aurais tout donné pour être la fille de gens ordinaires, anonymes"
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Je n'appréciais pas les enterrements de malheureux, ceux qu'une poignée de fidèles accompagne à leur dernière demeure, sans fleurs ni couronnes. Je n'aimais que les enterrements qui étalent l'opulence de ceux qui désormais ne possèdent plus rien.
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Quand, dix fois par jour, par le menu et le détail, ma mère me faisait le récit des incidents bien ordinaires qui avaient précédé ma naissance, ni éclipse de lune ou de soleil, ni chevauchements d 'astres dans le ciel, ni tremblements de terre, ni cyclones, j'étais toute petite, assise contre elle, sur ses genoux. Rien ne me faisait comprendre pourquoi je n'étais pas restée à l'intérieur de son ventre. Les couleurs et les lumières du monde autour de moi ne me consolaient pas de l'opacité où, neuf mois durant, j'avais circulé, aveugle et bienheureuse avec mes nageoires de poisson-chat. Je n'avais qu'une seule envie: retourner là d'où j'étais venue et, ainsi, retrouver un bonheur que, je le savais, je ne goûterais plus.
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Mais alors que ma mère s'appuyait sur un partenaire sans reproche, Yves était un coureur fini. Lise n'avait jamais pu garder une servante ou une bonne amie excepté ma mère. Yves avait donné un ventre à chacune des petites parentes de la campagne qu'on lui avait confié pour leur éducation.
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Le jeudi matin, nous n'attirions pas l'attention car nos familles se bousculaient sur les balcons. Bonne-maman Driscoll allongeait ses vieux os dans un pliant ou bien berçait le dernier-né. Mes soeurs piquaient l'aiguille dans des services de table. Les garçons Driscoll apprenaient leurs leçons. Mais l'après-midi, il devenait difficile de s'attarder parmi les plantes en pots. Tout le monde rentrait à l'intérieur des maisons pour la sieste et baissait les persiennes. Le petit marché du coin de la rue se mettait debout. Les lolos fermaient boutique et il ne restait plus à traîner dans la rue qu'un fou surnommé Banjo à cause de son bas-ventre ballonné par une hernie. Ma mère, en chemise de coton, reposant déjà sous sa moustiquaire, s'impatientait :
- Viens donc ! Qu'est-ce que tu fais au soleil comme un linge à blanchir ?
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Je compris très vite que solitude vaut mieux que mauvaise compagnie.
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Chez l'enfant, l'amitié a la violence de l'amour.
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Une fois à la maison je demandais à ma mère qui était cette famille de blancs-pays de la rangée 29, non loin de la nôtre. Je savais, ma mère et ses bonnes amies étaient des généalogistes de première. Elles maîtrisaient de mémoire le tableau des parentés, des mariages, des alliances, des séparations. Une grande partie de leurs entretiens consistait à le mettre à jour tant et si bien qu'elles auraient pu conseiller des notaires peinant sur des problèmes de succession et de partages de biens.
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Ce soir-là, sans que je m'en aperçoive, ma solitude se détacha de moi et me fit ses adieux. Elle m'avait fidèlement accompagnée pendant plus de deux ans. Je n'avais plus besoin d'elle. Je venais de la rencontrer, la vraie vie, avec son cortège de deuils, de ratages, de souffrances indicibles, et de bonheurs trop tardifs. Elle resta debout au coin de la rue Cujas agitant faiblement la main. Mais moi, ingrate, je ne la regardais même pas tandis que je m'avançaus faussement éblouie vers l'avenir.
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