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Critique de Ode


Ode
15 février 2016
Après « La fenêtre panoramique » et « L'homme au complet gris », voici ma troisième plongée historique dans la vie de banlieue américaine… La préface emphatique de Joshua Ferris parle de « cauchemar existentiel à part entière » : pour ma part, je n'étais pas loin du cauchemar tout court.

Dans ce roman [vintage] de 1959 réédité par Belfond, Evan S. Connell décrit sur 360 pages et 107 courtes scènes l'existence d'India Bridge, femme au foyer à Kansas City dans l'entre-deux guerres. Mrs. Bridge, comme son nom l'indique, est l'épouse de Mr. Bridge, avocat qui passe presque tout son temps au bureau, et la mère de trois enfants: Ruth, Carolyn et Douglas, qui ont le don de la déconcerter.

L'originalité du récit est de placer la narration uniquement du côté de Mrs. Bridge, offrant une vue partielle des événements à travers ce qu'elle en perçoit, laissant au lecteur le soin d'imaginer le reste et de tirer ses propres conclusions. Mais la distanciation volontaire de l'auteur envers son [anti] héroïne, l'insipidité de ladite héroïne, et la succession de chapitres-anecdotes en font une lecture bien aride, en tout cas en ce qui me concerne.

En effet, au pays des Desperate Housewives, Mrs. Bridge ferait plutôt figure de Decerebrate Housewife. le conformisme est sa seule ligne de conduite et tout acte, personne ou opinion qui s'en éloigne la trouble de manière confuse. le style vestimentaire osé de sa fille aînée Ruth la dérange, elle ne comprend pas pourquoi son fils s'acharne à entrer dans la maison par la porte de service… Alors que dire de sa sidération devant sa voisine Grace, en pantalon, jouant au ballon dans la rue avec ses enfants ! Ce n'est pas pour autant qu'elle réagit ; le temps passe, sans que rien ne l'atteigne vraiment.

Mrs. Brigde ressent certainement un vide dans sa vie, il est dit à plusieurs reprises qu'elle s'ennuie seule avec sa domestique Harriet dans sa grande maison lorsque son mari est au bureau et les enfants à l'école. Mais toutes ses tentatives pour s'intéresser à quelque chose : apprendre l'espagnol, découvrir l'art, la politique… s'arrêtent par manque de motivation. Elle est d'une passivité déroutante, s'en remettant à son mari ou à ses connaissances pour savoir quoi lire ou penser, bien qu'elle ait fait des études. Après une sortie culturelle, elle se rend compte que finalement elle n'a pas aimé les poèmes déclamés, et l'exprimer tout haut la surprend elle-même.

Contrairement aux deux romans cités plus haut, dotés d'un souffle et d'une vraie puissance dramatique, je n'ai ressenti aucune empathie avec Mrs. Bridge. Sans doute, pour équilibrer la lecture et la rendre plus attractive, serait-il judicieux de lire son pendant, Mr. Bridge, en parallèle ou juste après. Un grand merci à Babelio et aux éditions Belfond pour leur confiance lors de cette opération spéciale de Masse Critique.
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