Citations sur Léopoldine (13)
Nous cherchons tous le staccato de la vie. Nous sommes affamés de poésie. Que nous nous rassasions de ce qui la singe , que nous prenions le luxe pour la beauté, les grimaces pour la joie, la violence pour la force, n'y change rien, au contraire. (P.186)
Pour Hugo, la mort de Léopoldine a rendu tous les faux-semblants, toutes les vanités mondaines dérisoires, et a donné, au contraire, une valeur vitale aux vrais trésors, aux rares génies qui participent du sel de la vie.
La beauté d'un poème n'est que celle de la réalité, visible ou invisible, qu'il met en mots. (P.130)
Pour le meilleur et pour le pire, il va peu à peu mettre sa poésie dans son engagement politique, avec autant de naïveté sur l’immédiat que de vision sur le lointain, autant de sensibilité à la condition humaine, la condition des femmes en particuliers -Hugo, séducteur, est aussi l’un des premiers féministes-, que de conservatisme, autant de virtuosité dans le verbe que de maladresse dans l’action.
Ils marchent en silence, le silence de ceux qui, du regard, se sont déjà tout dit. Ils s'aiment, ils le savent, sans besoin de déclaration, et ils veillent à ne pas abîmer par des mots la magie du moment. Ils marchent d'abord sans se toucher, se regardant de temps à autre à la dérobée.
Le mot « femme publique », lui répond Hugo, est toujours intéressant à entendre dans la bouche d’un homme public.
Le ministre de l’Intérieur, assis près de Hugo, lui dit d’un air connaisseur : — C’était un homme distingué. — Non monsieur, c’était un génie.
lois d’état de siège, lois de censure, lois d’étouffement, lois pour l’ignorance publique, lois de déportation, lois contre le suffrage universel, lois contre la presse. Ils disent : faisons de l’ordre. Pour eux la camisole de force s’appelle le calme.
Le gouvernement a trouvé le moyen d’empêcher les révolutions. Il s’est dit : les révolutions naissent des barricades et les barricades naissent des pavés. Plus de pavés. Il macadamise ici comme il macadamise à Paris les boulevards et le faubourg Saint-Antoine.
C’est toujours cette même exactitude, il me semble, qui dicte les mots du poète. Il n’a pas le choix, il n’est pas là pour faire joli, il écrit le réel, invisible mais réel, le plus exactement possible.