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Critique de Laureneb


Quand on lit l'autobiogaphie d'un écrivain, qui est clairement présentée comme telle – le récit commence par l'identité des propres parents de Benjamin Constant, on s'attend à un passage obligé, l'intérêt pour l'écriture et la naissance d'une vocation. Certes, ici, l'oeuvre est inachevée, elle s'arrête brutalement sur l'attente d'un duel pour un prétexte futile – le Narrateur se bat avec le propriétaire d'un chien qui a attaqué le sien. Mais je n'ai pas eu l'impression de lire la biographie d'un penseur ou d'un écrivain.
Non, le personnage fait penser à tous ces chevaliers d'industrie parcourant l'Europe de la fin de l'Ancien Régime que l'on retrouve dans la littérature de la fin du XVIII ème siècle. En effet, le personnage est une sorte de libertin, joueur, séducteur, qui passe de salles de jeux à des salons, de villes d'eau aux capitales européennes. Oui, j'ai cru retrouver le Barry Lindon de Thackeray, paru de façon postérieure, en 1844 – moins le personnage de Kubrick qui, au cinéma, a une dimension tragique. Comme le héros de Thackeray, le Narrateur voyage en Europe, vivant aux crochets des ceux qu'il rencontre et qui lui font confiance sur son apparence honnête et respectable, n'ayant jamais beaucoup d'argent car préférant acheter un singe, un joli chien, jouer ou passer la nuit avec des filles, plutôt que de se payer une auberge convenable. Mais, contrairement à lui, son père est un officier d'armée, assez fortuné, et qui l'aime suffisamment pour lui payer ses dettes.
Le ton est ainsi léger, voire naïf, avec un recul amusé sur lui-même. L'Auteur écrit plusieurs dizaines d'années après sur sa jeunesse, et il la peint donc de façon attendrie, tout en insistant sur les défauts et les ridicules de sa conduite. Ainsi, il imagine tout un plan d'enlèvement d'une jeune fille dont il prétend être fou amoureux, alors qu'il ne lui a jamais parlé d'amour et que celle-ci ne pense pas du tout à lui, essaye de se tuer en sa présence pour lui inspirer de la passion, et passe la soirée à l'Opéra quelques heures après à s'amuser, n'ayant guère souffert d'avaler quelques gouttes d'opium, oublie la demoiselle quelques jours après...
Ce n'est donc pas dans cette cinquantaine de pages publiées à part - mais qui aurait dû former le début d'une autobiographie plus longue, qu'on assiste à l'émergence d'un penseur ou d'un artiste. Quelques mots à peine suggèrent un goût pour l'introspection lors d'un voyage solitaire en Angleterre et en Ecosse, mais c'est tout. Il faut dire aussi que je ne suis pas très familière ni de la vie de Benjamin Constant, ni de son oeuvre, et que certaines références m'ont certainement échappé. J'ai lu le texte vite, j'ai souri quelques fois, mais je n'ai pas été passionné par ce personnage qui ne parle que de lui, sans être véritablement capable de s'attacher à quelque chose ou à quelqu'un - la scène de la rencontre avec le père est ainsi une scène muette, sans reproche ni pardon.
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