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Critique de 5Arabella


La pièce est donnée la première fois en novembre 1672, par le théâtre du Marais, alors passé de mode, Pulchérie sera d'ailleurs la dernière création de la troupe, avant qu'elle ne fusionne avec celle de Molière (après le décès de ce dernier). Cela montre une forme de désaffection pour Corneille à l'époque ; malgré des lectures dans des salons, et l'admiration de la vieille génération (dont Mme de Sévigné) la pièce est jouée par une troupe en déclin, et il s'agit d'un succès d'estime. Corneille n'écrira plus qu'une seule pièce après celle-ci, une de ses plus belles, Suréna, ce qui montre à quel point, il est reste maître de son art jusqu'au la fin de sa vie, même si le public ne le suivait plus comme dans ses jeunes années. Pulchérie paraît en 1672.

Nous sommes à Byzance. Après la mort de son frère empereur, Pulchérie, qui assurait en réalité le pouvoir à sa place, attend le choix du nouvel monarque par le Sénat. Elle aime Léon, mais veut et pense devoir rester impératrice, et épousera donc l'élu des sénateurs. Elle tente de favoriser l'élection de son bien aimé, mais il est jeune, et il a peu de chances d'être choisi. Aspar, l'un des prétendants les plus sérieux, bien qu'amoureux d'Irène, la soeur de Léon, est prêt à tout pour devenir empereur. Pulchérie est également aimée, sans qu'elle le sache, par Martian, un vieux sénateur, dont la fille Justine aime Léon. Irène suggère à Léon de faire élire Pulchérie comme souveraine, et avec l'aide de Martian, l'assemblée fait ce choix. Tout le monde s'attend à ce qu'elle choisisse Léon comme époux. Aspar se montre menaçant. Pulchérie, malgré son amour, est réaliste, le choix de Léon risque de provoquer une guerre civile. Elle finit par opter pour Martian, dans un mariage platonique, et fait épouser Justine à Léon, qui pourra ainsi lui succéder à l'empire.

Un personnage de femme politique avisée, qui refuse d'écouter ses émotions et se fie à sa raison. En même temps une réflexion sur l'amour sur ses différentes formes, cela d'une façon qui n'a rien de conventionnel ni d'idéaliste. Martian, où l'amour d'un vieillard, grand sujet de ridicule dans les comédies, est ici montré avec sensibilité et pudeur. Nous voyons aussi Pulchérie, bien qu'amoureuse de Léon, percevoir progressivement les limites de son bien-aimé, et les dangers d'une vie à deux, qui risque très vite de tuer leurs sentiments. Elle est au final bien plus proche de Martian, que du jeune homme qu'elle aime, par son tempérament, ses valeurs, et en prend conscience. Sa passion ne l'aveugle pas, ni sur la situation politique, ni sur l'homme qu'elle aime. Un personnage étonnant, d'une immense modernité. Et les vers de Corneille sont merveilleux.

Une très belle pièce.
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