Lavinia et Elizabeth. Elles étaient si différentes. Cependant, il existait de réelles similitudes entre les deux femmes. L’une et l’autre avaient été fortes et endurantes. Leurs traces avaient été perdues dans les méandres de l’histoire, et pourtant chacune d’elles avait beaucoup à raconter.
William Craven
Robert Verity
Elizabeth Stuart
Lavinia Flyte
Holly tourna le papier entre ses doigts. Elizabeth Stuart était peut-être Elizabeth de Bohême, bien qu’un tas d’autres personnes se soient appelées ainsi. Les autres noms ne lui disaient rien.
Au bas du marque-page figurait le nom de Ben, suivi d’un point d’interrogation.
De l’autre côté de la carte, Holly vit un nom tracé en caractères gothiques bleus :
Les Aventuriers Marchands.
Il n’y avait rien d’autre, pas d’adresse ni de numéro de téléphone.
Elle baissa les yeux sur le livre et se mit à déchiffrer la première page.
« Je ne dirai pas pourquoi et comment je devins, à seize ans, la maîtresse de lord Downes et m’engageai dans une vie de vice. Ou peut-être le raconterai-je, après tout. Car je suppose que certains lecteurs choisiront de lire ces Mémoires précisément pour connaître ma carrière amoureuse.
Voici donc mon histoire.
Je naquis dans la cité de Londres le 24 janvier 1783, et fus baptisée du nom de Lavinia Jane Flyte à l’église St. Andrew.[…]
Holly se sentit un peu désarçonnée. Il y avait comme un sourire dans les yeux de Mark, mais également une flamme. Puis cet air amusé le quitta pour laisser place à un désir indicible. Le reste du monde s’évanouit, et elle ne vit plus que lui.
— Mark…
— J’y pense tout le temps. Je pense à cette nuit chaque fois que je te vois, et aussi quand je ne te vois pas. Toi aussi, n’est-ce pas ?
— Non, je… non.
— Menteuse.
Il posa ses lèvres sur les siennes, et elle se rendit compte qu’elle désirait profondément ce baiser. La sensation fondit si brusquement sur elle que la tête lui tourna.
Elle posa une main sur la poitrine de Mark pour le retenir.
— C’était une erreur, dit-elle. Nous étions d’accord là-dessus.