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Critique de JIEMDE


« Je t'aurais bien fait bouffer tes mains jusqu'à ce que tu chies des doigts ».

En Virginie comme ailleurs, y a des mecs, faut pas les emmerder. Atteints du syndrome de John Rambo (« c'est eux qui ont commencé, pas moi… »), l'atteinte à leur tranquillité, à leurs valeurs ou à leurs familles, déclenche automatiquement une réplique vengeresse dont la proportion est sans commune mesure avec l'offense initiale.

C'est le cas de Buddy Lee et de Ike, deux semi-retraités d'une vie peu glorieuse qui les a fait passer par la case prison avant de se ranger. L'un est quasi-sdf quand l'autre prospère avec sa petite boîte d'espaces verts. L'un est noir quand l'autre est blanc. Mais les deux ont renié leurs fils gays, mariés ensemble et pères d'une petite fille.

Alors quand ces deux fils sont assassinés, la communion des remords et de la peine comme le désir de vengeance suffit à effacer ce qui sépare Ike et Buddy Lee, pour les réunir dans un élan de colère inarrêtable, seul sentiment capable paradoxalement de les apaiser.

Dans La Colère, S. A. Cosby – traduit par Pierre Szczeciner – nous propose un solide roman noir, rythmé et addictif. Une vendetta sanglante et prenante au caractère épique, qui n'est pas sans rappeler le souffle d'un Craig Zahler ou d'un Tarentino. Mais Cosby y ajoute deux ingrédients supplémentaires qui portent le livre à un niveau supérieur de sa seule histoire.

Le remarquable travail sur ses deux personnages majeurs, tout d'abord. À la fois sombres et sans scrupules, leurs faiblesses s'étalent au grand jour, au fur et à mesure qu'ils deviennent capables d'assumer leurs errements et erreurs passés.

Il y a quelque chose de grandguignolesque dans ces papys qui reprennent du service la soixantaine venue, mais cela se transforme rapidement en une empathie et une émotion qui gagnent et saisissent le lecteur au fil des pages.

Et puis derrière tout ça, c'est le portrait d'une Amérique ultra conservatrice que dresse Cosby, celle dont les traditions, l'esprit individualiste et l'instinct de survie conduisent à se réfugier dans la peur de l'autre et le repli, que ce soit pour sa couleur de peau ou sa sexualité. Et même dans sa propre famille…

« Tout ce que j'essaie de dire, c'est qu'on est dans le Sud. Si on n'est pas blanc et hétéro, il vaut mieux surveiller ses arrières ».

Amateurs de romans noirs qui font réfléchir, ne passez pas votre chemin : entrez vite dans La Colère !
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