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Critique de wivin


Voilà une bande dessinée qui n'est pas récente, que mes parents possédaient et que je me souviens avoir lue, fascinée, dans le mystère de la chambre parentale.

Quand je l'ai en main aujourd'hui, elle me fait penser à Emmanuel Levinas, qui écrit dans « Éthique et infini » : "Je pense […] que l'accès au visage est d'emblée éthique. [...] Il y a d'abord la droiture même du visage, son exposition droite, sans défense. [...] le visage est exposé, menacé, comme nous invitant à un acte de violence. En même temps, le visage est ce qui nous interdit de tuer. le visage est signification, et signification sans contexte. Je veux dire qu'autrui, dans la rectitude de son visage, n'est pas un personnage dans un contexte. D'ordinaire, on est un « personnage » [...]. Ici, au contraire, le visage est sens à lui seul. Toi, c'est toi. [...] Mais la relation au visage est d'emblée éthique. le visage est ce qu'on ne peut tuer, ou du moins dont le sens consiste à dire : « tu ne tueras point ». Cosey ne peut pas s'être inspiré de ce texte pour imaginer son album, ce dernier ayant été publié trois années plus tôt, mais peut-être avait-il écouté le philosophe en conférence.

Le lien entre réflexion philosophique et attitude de foi, qui est ici mis en exergue bien qu'on le retrouve en filigrane dans toute la série « Jonathan », rend cet album particulièrement intéressant à mes yeux. Les moines de Theksey Gompa ont une attitude difficile à comprendre pour le lecteur européen, attitude dont Jonathan n'admire la profondeur et n'accepte qu'à la fin de l'album. Pourtant, cette foi tellement forte rejoint la réflexion de Levinas. Cette histoire, presque un conte, est une belle illustration du fait que le bouddhisme est à considérer plutôt comme un courant philosophique que comme une religion.
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