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Critique de Ingannmic


Karim est un révolutionnaire repenti. Après avoir exprimé son sentiment de révolte par des actions parfois violentes, et l'avoir payé d'un séjour en prison, il a adopté une philosophie de vie qui le comble d'une joie permanente... considérer l'iniquité du monde et la bêtise de ceux qui le gouvernent à travers le prisme de leur irréductible absurdité, lui permet d'aborder l'existence avec un sens de la dérision qui le détache totalement des drames de l'existence. C'est son ami Heykal qui l'a initié à cette nouvelle façon de voir le monde.

Il faut dire que le dernier gouverneur en date donne de nombreuses occasions de se réjouir, tant sa suffisance et son despotisme révèlent l'ampleur de sa stupidité. Son principal credo est de débarrasser la ville de la mauvaise engeance qui atteint à sa respectabilité. La police pourchasse mendiants et prostitués, la paresse et la nonchalance sont jugés comme crimes contre la nation.

Estimant que répondre à l'injustice et à la tyrannie par la haine revient à entrer dans le jeu du pouvoir en adoptant une attitude similaire à ceux qui le détiennent, Heykal a décidé d'expérimenter une autre forme de contestation. La seule réponse à opposer à la bêtise ambiante, la seule manière de s'en différencier, est de pratiquer l'humour. Son plan d'attaque s'appuie sur une campagne de décrédibilisation du gouverneur. Pour ce faire, lui et ses amis placardent sur les murs de la ville des éloges si dithyrambiques à son égard qu'ils en deviennent risibles, poussant la flagornerie jusqu'à la rendre insultante.

J'ai retrouvé dans "La violence et la dérision" certains des ingrédients qui avaient fait de ma lecture de "Mendiants et orgueilleux" -titre avec lequel j'ai découvert Albert Cossery- un vrai moment de plaisir : la dimension théâtrale des situations, le trait caricatural avec lequel l'auteur dépeint ses personnages, et surtout cet hommage rendu à la joie et à l'épicurisme, cette volonté de s'amuser même des tragédies de l'existence, en traquant l'aspect burlesque et dérisoire de la plupart des actions humaines.

Malheureusement, j'ai trouvé que la brièveté du texte ne permet pas à l'auteur d'étoffer suffisamment ses personnages pour nous les attacher, ni d'exploiter véritablement la veine satirique de son intrigue. le lecteur se sent ainsi exclus de la farce dont on lui relate le déroulement sans lui en détailler le contenu. J'aurais aimé profiter moi aussi de la blague faite au gouverneur en prenant connaissance du texte des affiches, par exemple...

"La violence et la dérision" se limite ainsi à la relation d'un épisode plaisant mais peu marquant.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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