Les deux garçons sont en train de goûter en regardant une vidéo sur le téléphone d’Alexandre. Ils rigolent en chœur. La mère a été retenue au travail, elle ne va toutefois pas tarder à rentrer. C’est le moment idéal. Je passe chez les voisins pour atteindre le devant de la maison et d’un bond léger et gracieux, me hisse sur le rebord de la fenêtre de la cuisine.
— Miaou, miaou, miaou.
Rien, aucune réaction. J’ai pourtant pris ma voix la plus attendrissante. Celle à laquelle personne ne résiste. En des centaines d’années de carrière, c’est bien la première fois que ça m’arrive. Bien, je vais un tantinet monter le son.
— Miaou ! Miaou ! Miaou !
Encore une fois, papa n’est pas rentré à temps pour le dîner… Maman a essayé de nous faire manger à table, tous les trois. Un semblant de famille normale. Je ne sais pas pourquoi elle s’obstine ainsi tous les soirs. Comme à chaque fois, Léo a fait une crise parce que je lui ai soi-disant coupé la parole. Il ne parle quasiment jamais, mais bien sûr, selon son cinéma habituel, il allait “s’exprimer” et je l’en ai empêché. Un jour, il me reprochera de respirer.
Les liens que nous choisissons sont aussi puissants, voire plus, que ceux du sang.