Aujourd'hui, mes eaux s'assèchent progressivement : l'Australie se désertifie et l'agriculture est trop intensive. Des chercheurs demandent enfin aux peuples nés sur mes berges de transmettre leurs connaissances sur la gestion durable des ressources des cours d'eau et de leur environnement.
Dans les régions arides du Sud américain, les villes du désert, Las Vegas et Phoenix, en consomment énormément pour leurs industries et leurs cultures. A mon arrivé au Mexique, je suis presque à sec. Les villages de pêcheurs de mon delta sont assoiffés : je n'atteins plus la mer.
Ici, mes rives sont classées au patrimoine mondial de l'Unesco. De splendides bâtiments s'y élèvent, dont le parlement. Sur le quai d'en face, une sculpture représente 60 paires de chaussures, abandonnées au bord de l'eau. Elle rappelle que, durant la Seconde Guerre mondiale, plus de 20 000 juifs du ghetto durent amenés sur cette rive. Une fois déchaussés, on les a fusillé et jetés dans mon courant.
A moi seul, j'apporte 1/5è du volume d'eau douce déversé dans les océans du monde. J'ai serpenté pendant 6 600 km à travers l'impénétrable forêt équatoriale. Elle m'accompagne depuis des millions d'années. Si elle venait à disparaître, que deviendrais-je ?
Avant la conquête du Brésil, huit millions d'Amérindiens vivaient dans la forêt ; aujourd'hui, ils sont 200 000.
Au fil de mon voyage vers la Mangrove des Sundarbans, je charrie avec moi toutes ces offrandes, toutes ces prières et les déchets de million de riverains pour qui tout ce qui est souillé ressortira purifié de mon cours. Considéré comme le fleuve le plus pollué du monde, je suis cependant le plus vénéré de tous, celui qui nourrit corps et esprit.
La grande Égypte dépend de mes eaux et craint "une fermeture du robinet" en amont. Elle a menacé de guerre l’Éthiopie qui annonçait la construction d'un puissant barrage.